jeudi 30 juin 2011

Togo : ce qu’on n’a pas le droit de dire !

     
  Qu’est-ce qui a changé au Togo depuis le 4 mars 2010, jour de la « réélection » de Faure Gnassingbé à la Présidence de la République togolaise ? Mon dernier séjour au Togo me permet de faire un bilan de 12 mois de présidence de Faure Gnassingbé et de son gouvernement RPT/AGO. Ce bilan porte sur les faits, rien que les faits.
1.   Sur le plan économique : une inflation inquiétante
Il est établi publiquement et de plus en plus de  journaux privés relaient l’angoisse des populations face au phénomène de la vie chère.
Ø  l’augmentation du tarif de la mouture du bol de maïs, passé de 100 à 150 CFA (50% d’augmentation) à compter du 1er février 2011.
Ø  dès le lendemain de la réinstallation de Faure Gnassingbé, les péages routiers ont été remis en place, les taxes sur les produits pétroliers fortement augmentées, grevant gravement le prix des transports
Ø  le prix des transports et du courant électrique affectent les coûts des denrées alimentaires qui ont connu des augmentations allant de 33% à 280%. Le 3 février dernier, l’ATC (Association togolaise des Consommateurs) a organisé une réunion sur la vie chère au Togo. L’ATC a entamé, du 3 au 16 février 2011, une tournée de sensibilisation dans les grandes villes, afin d’amener les différentes couches sociales à réfléchir sur ce phénomène et à faire, le cas échéant, des propositions aux décideurs. Elle exige d’ores et déjà la suppression des « faux frais » (effet corrosif de la corruption !) sur les produits essentiels. 
Ø  sous le titre « sur le marché, le panier de la ménagère difficile à porter », le quotidien pro gouvernemental « Togo-Presse » évoque le phénomène de la vie chère qui s’est installé au Togo. Ce journal constate que « satisfaire au moins un repas par jour devient un casse-tête chinois pour bon nombre de ménages. Beaucoup de citoyens se demandent quels sont les mobiles de cette inflation grandissante ». Il ajoute que « les prix des produits alimentaires restent trop élevés en dépit de bonnes récoltes de céréales cette année ». 
Ø  il ressort d’un micro-trottoir dans la capitale, réalisé toujours par « Togo-Presse » que « la situation est très complexe pour un togolais moyen qui dépense jusqu’à 80% de son budget pour l’alimentation ».
Sur différents marchés de Lomé, on peut noter :
Ø  le bol de maïs est passé de 250 à 500 CFA (augmentation de 100%)
Ø  le bol de sorgho de 300 à 600 CFA  (100%)
Ø  le panier moyen de petits poissons de 2500 à 7000 CFA (280%)
Ø  le litre d’huile de 600 à 1000 CFA (67%);
Ø  le sac de riz de 50 kg de 11 000 à 15 000 CFA (36%)
Ø  le bol de haricot de 600 à 1000 CFA (67%)
Ø  le sac de charbon de bois pour la cuisine de 12 000 à 16 000 CFA (33%)
Ø  les autres condiments ne sont pas du reste : le sucre, le piment, l’oignon, le sel, la farine de manioc et les légumes ont vu leurs prix augmenter de 35% à 100%.
  1. Sur le plan politique : une démocratie introuvable
Ø  Refus de rencontrer l’opposition : le président se contente de débaucher quelques « hommes faibles », discrédités et isolés...
Ø  Les libertés individuelles et collectives sont bafouées : les manifestations, prévues et reconnues par notre Constitution, sont interdites en semaine. Quand elles sont tolérées le samedi, elles doivent suivre un parcours unique obligatoire désigné par le pouvoir. Le vent de liberté qui souffle sur l’Afrique a semé la panique au sommet de l’Etat: dans son affolement, le gouvernement a adopté un projet de loi pour interdire toute manifestation, toute marche de protestation et tout rassemblement dont tout contrevenant sera puni de 1 à 5 ans  d’emprisonnement et 500 000 à 5 millions CFA d’amende… digne des meilleures dictatures du siècle dernier!
Ø  Espionnite et délation sont promues au rang de méthodes de gouvernance: tous les Togolais sont sur écoute téléphonique, y compris les responsables militaires ainsi réduits à avoir peur les uns des autres…
Ø  Faure Gnassingbé a fait « limoger » par sa Cour constitutionnelle, 9 députés de l’opposition : un vrai scandale !
Ø  La liberté de la presse dont il s’est vanté urbi et orbi est remise en cause: des radios et journaux privés sont interdits, d’autres sont menacés de fermeture ; d’autres encore sont frappés par des amendes si lourdes qu’ils sont dans l’obligation de fermer ou de quitter le pays.
Ø  Tout se passe comme si le Togo était placé en état d’urgence et sous couvre feu : arrestations nocturnes arbitraires d’opposants, ensuite jetés en prison sans preuve et sans jugement.
Ø  Mutation arbitraire de fonctionnaires repérés ou supposés opposants

3-  Quelques propositions
Ø  Soulager le panier de la mère de famille par des subventions et autres aides pour les produits de première nécessité (produits vivriers, carburants, péages routiers, transports, électricité, eau, téléphone…).
Ø  Renoncer au volet répressif du projet de loi sur l’encadrement des rassemblements, marches et manifestations publiques.
Ø  Renoncer à tous les textes, faits et gestes qui nous divisent  afin de crédibiliser les travaux de la CVJR, de circonscrire les « conflits » et d’apaiser tous les Togolais
Ø  Etablir le scrutin à 2 tours pour les prochaines échéances
Ø  Revenir à la Constitution de 1992
Ø  Décentraliser pour administrer  au plus près et partager le pouvoir entre tous les partis représentatifs dans la vie publique
Ø  Restituer son indépendance à la justice
Ø  Donner ses chances à la démocratie élective en renonçant définitivement à la fraude électorale
Ø  Recomposer la CENI avec justice et équité
Ø  Associer toutes les oppositions à l’analyse des résultats du dernier RGPH et à la confection des listes électorales qui en découlera
L’ensemble de ces revendications et la volonté du gouvernement de leur donner une suite favorable seront un indicateur de sa capacité d’écoute ou de son entêtement dans la voie de ses habituelles démonstrations de force et de la répression aveugle dont il est coutumier.
Il ne s’agit en aucun cas d’un quelconque préalable à l’ouverture d’éventuelles discussions, mais des suggestions constructives en responsabilité.
C’est « le prix » à payer pour l’apaisement de la vie politique et sociale de notre pays. En cas de refus de sa part, ce sera aussi le guide des revendications à venir et du risque certain à courir pour la paix sociale au Togo.

                                                               Kofi Yamgnane
                                                   Président de SURSAUT                                                                     



dimanche 26 juin 2011

Lomé : grands travaux, petits effets.

Depuis le début de l’année 2011, la capitale du Togo est en proie à d’énormes difficultés de circulation, dues à un gigantesque programme de grands travaux d’infrastructures, ouverts sans grande réflexion ! Les grands axes routiers sont perforés tous en même temps par de profondes tranchées et sont donc interdits à la circulation automobile, aux transports publics, aux motos taxis… Des déviations de fortune ont pris d’assaut les petites voies tantôt poussiéreuses, tantôt boueuses,  bouchant complètement les horizons  et rendant l’atmosphère totalement irrespirable.
Le scandale d’une telle ébauche de travaux se situe dans leur finalité même : en effet, à quoi  peuvent bien servir  ces tranchées, puisqu’elles ne transporteront ni les eaux pluviales, ni les eaux usées vers une quelconque station d’épuration ? De fait, la ville de Lomé qui compte plus de 1.5 million d’habitants ne possède aucune station d’épuration : un vrai scandale en matière d’assainissement, d’environnement, de développement durable et d’hygiène. Dès qu’arriveront les grandes pluies, Lomé sera plus inondée que jamais ; les eaux infiltrées dégraderont très vite des chaussées posées à même le sol, sans fondation et sans drainage ! De même on aurait pu utiliser ces tranchées pour effacer les réseaux aériens (électricité, téléphone…) qui tissent au-dessus de la ville une invraisemblable toile d’araignée de fils, soutenus par des centaines de milliers de poteaux qui encombrent autant les rues que les trottoirs !
Si le gouvernement et ses ministres avaient pris soin, un tant soit peu,  de consulter ou de réfléchir par eux-mêmes, ils auraient su que des travaux de cette nature ne peuvent pas être entrepris sans la construction préalable d’une station d’épuration pour recevoir, traiter et assainir les eaux récoltées, quartier par quartier, rue par rue, d’année en année…Tels qu’entrepris aujourd’hui, ces travaux constituent un gigantesque gâchis d’argent et provoquent une paralysie totalement inutile de l’économie de la capitale.
Mais je ne suis pas naïf et donc je sais que cet argent n’est pas perdu pour tout le monde : ces travaux cachent les rétro commissions et autres bakchichs partagés entre les entrepreneurs « amis», les membres du gouvernement RPT/AGO et les barons respectifs!
 Pauvre Togo !
                                                                                                                               Fait à Lomé, le 28 mars 2011

                                                                                                                                Kofi Yamgnane
                                                                                                                                Président de SURSAUT TOGO
 

dimanche 19 juin 2011

M. ALI CAMUS ET LYNX INFO PRISONNIERS DE CONSCIENCE!

La liberté. On ne mesure sa valeur que lorsqu’on l’a perdue.
La beauté d’un arbre, le luxe du ciel, le lyrisme des éclats du soleil brûlant...il faut avoir perdu la liberté pour la percevoir, pour mieux la sentir. Ceux qui n’ont pas encore eu cette opportunité de perdre la liberté, pour mesurer l’immense joie de l’errance et du vagabondage, peuvent comparer sa perte à celle de la santé. On n’appréhende les vraies dimensions de la santé que lorsqu’on est malade. ( …)

Nous sommes libres à partir de notre capacité à nous définir des principes moraux qui guident notre comportement et notre réflexion, à nous définir en tant qu’êtres doués de sens et de raison, appartenant à une société, à un pays, à un continent … à l’humanité.
Qui peut mesurer l’immense épaisseur des murs de la prison personnelle de l’homme corrompu, balloté, vendu, acheté… et dont les actions et les réactions ne dépendent que des autres ? Une terrible prison.
Nous pouvons comprendre le drame de tous ces hommes qui ont hypothéqué leur conscience, leur moralité, leur savoir, leur humanisme…pour une hypothétique récompense.
C’est bien ce à quoi nous assistons au Lynx info, au sujet de Kofi Yamgnane dont tout porte à croire que ce site internet, ce site improbable, a reçu du RPT, son maître, la mission de brouiller l’image au profit de la dictature en place au Togo. Lynx manipule, ment, désinforme et censure toute opinion divergente ou critique à son encontre. Pourtant, le chef d’orchestre, M. Ali Camus, la main sur le cœur, jure ses grands dieux qu’il ne dit que la vérité ! Il cherche à tout prix à comparer Faure son président à Kofi comme si les Togolais pouvaient encore être dupes. Une misère !
Lui qui ne trouve presque jamais rien à dire sur le combat que mène l’opposition togolaise, a trouvé LE sujet pour noircir son écran. Ce faisant, il prend la posture- s’en rend-il seulement compte- du sot chinois qui regarde le doigt du sage au lieu de regarder la lune que celui-ci  lui montre!
Cela peut s’expliquer, vu que son seul vrai partenaire c’est le régime tortionnaire installé au Togo, sur des milliers de corps  de Togolais massacrés.
La liberté en échange du mensonge, du vol, du détournement, de la corruption, de la manipulation, de la délation, du crime et de la luxure… De ces prisons-là, on ne sort jamais.
C’est là le piège dans lequel notre ami Camus et les siens sont tombés et qu’en bons imbéciles, refusent de sortir. Ils refusent parce qu’ils ont une dette morale à l’égard de leur financier, parce qu’ils préfèrent l’argent facile à l’argent gagné par le travail, l’argent du Togo, volé par le régime RPT, l’argent du sang des Togolais.
Ali Camus est un vrai imposteur,  incapable d’assumer ses opinions. Ali Camus est tout à la fois une vipère et un hibou aux yeux puants de honte. Lui qui a visiblement raté son aventure allemande et qui a du mal à se soumettre  à la rigueur du noble métier qu’est le journalisme.
Apprenons à savourer notre liberté : elle est incomparable avec leur prison. Apprenons à déguster notre liberté de dire oui quand nous pensons oui et non quand nous pensons non.
Soyons riches de rien du tout, ce rien du tout qui est une immense fortune pour les hommes libres que nous sommes.
   Mesurons à sa juste valeur notre liberté de sourire franchement aux gens que nous aimons et d’exprimer notre dépit à ceux que nous détestons. Un immense bonheur. N’envions pas l’esclavage de tous ces invertébrés amoraux, prisonniers du mensonge, du vol, du crime et de la manipulation, avec leurs chaînes de matériel, leurs boulets de luxe.
C’est en les enviant que nous nous perdons. C’est en ignorant leur drame que nous nous laissons corrompre en vendant notre liberté. Ils ne sont pas heureux. Alors pas du tout ! Le masque chatoyant de leur dehors enviable cache l’immonde putréfaction de leur intérieur nauséabond. Ils le sentiront davantage à l’heure du bilan.
Moi j’ai décidé de combattre cet aspect de M. Camus car le pire n’est pas la méchanceté des hommes mauvais mais le silence des hommes bons.

  Comme le loup de la fable, refusons tous les excellents mets du chien mais regardons bien le collier qu’il porte à son cou. La liberté n’a pas de prix : ne bradons jamais la nôtre.

                                                                                                   Derrick Tamandja. 


dimanche 12 juin 2011

LIBERER L'AFRIQUE...VRAIMENT...

La crise tunisienne a été l’occasion de mettre en lumière les rapports malsains que le pouvoir français entretient avec certaines dictatures.
Le régime de Ben Ali n’était malheureusement pas une exception dans les relations entre la France et les pays du continent africain.
Souvenons-nous que le 14 juillet dernier, Nicolas Sarkozy, toujours à l’avant-garde des méthodes de communication les plus inattendues, inaugurait avec faste le salon de la dictature de Paris.
Avec une audace dont la Ligue des Droits de l’Homme reste encore ébahie, le Président de la République détournait de son sens cette date, symbole d’espoir et de liberté, pour convier les dirigeants de quatorze pays africains à renouveler publiquement leur serment de vassalité.
Comme il ne faut jamais perdre une occasion de rire, le chef de l’exécutif, décidément potache, déguisait l’événement en une célébration du « cinquantenaire de l’indépendance » de ces anciennes possessions françaises.
Ce vulgaire avatar de l’exposition coloniale était clôturé par un défilé de troupes africaines, qui, entre deux massacres, avaient revêtu leurs habits de lumière pour la circonstance.
Des opposants, des intellectuels et des représentants d’ONG avaient manifesté leur surprise et leur indignation de voir des dictateurs et les armées qui les servent, être conviés à célébrer  l’esprit révolutionnaire.
Prenant peu à peu conscience de l’indigence morale de l’événement, le Président alchimiste transmutait cette fête d’un goût douteux en un « hommage au courage des anciens combattants qui ont participé à la libération de la France ».
Il est vrai qu’il est toujours de coutume, quand on est en difficulté, de faire monter en première  ligne les troupes indigènes dont le sang coûte si peu, mais il est inacceptable de convoquer les fantômes des tirailleurs sénégalais pour assurer le service d’ordre médiatique d’une réunion mafieuse du syndicat des chefs d’états africains.
Parmi les tyrans invités à ces cérémonies de la honte, le Togolais Faure Gnassingbé fait figure d’étoile montante dans cette cosa nostra exotique.
Son père, le dictateur Gnassingbé Eyadema, un des grands mabouls de l’Afrique de l’ouest, a dirigé d’une main de fer le Togo pendant 38 ans.
Pendant toutes ces années, le despote a mis en place un système de gouvernement par la terreur, qui a fait, hélas, la preuve de sa redoutable efficacité.
Il y a six ans, le vieillard sanguinaire mourait dans son avion dans des circonstances, qui restent finalement obscures.
Son dernier souffle fut un soupir de soulagement pour les Togolais, qui pensaient enfin accéder à cette liberté due à leur seule patience, leur rêve fut de courte durée.
Les militaires, estimant sans doute qu’ils étaient dans leur devoir de décharger le peuple d’un choix difficile, imposèrent, par les armes, le fils du dictateur, Faure Gnassingbé.
Les Togolais, qui ne voulaient pas revivre avec le fils ce qu’ils avaient douloureusement connu avec le père, eurent l’outrecuidance de manifester leur colère devant cette nouvelle spoliation de leurs droits.
Faure Gnassingbé, toujours prêt à exprimer son amour filial, honora la mémoire de son paternel en ordonnant que l’on massacrât les protestataires.
Les rapports de l’ONU et d’ « Amnesty International » sur ces exactions n’émurent pas un occident alangui dans la vision confortable d’une Afrique destinée à souffrir.
Au-delà même de l’indifférence, le « canard enchainé », dans son édition du 6 février 2008, nous apprenait que Nicolas Sarkozy avait demandé à l’autocrate togolais d’accorder à son ami Vincent Bolloré la concession du port de Lomé, sanctifiant ainsi par les liens de l’argent le crime commis contre la démocratie.
Le despote togolais a naturellement accédé à cette demande présidentielle, qui le confirme et le protège :  « …c’est bien mon petit Faure, toi y en a bon nègre ».
Inutile de dire à quel point cette situation m’a révolté.
La démocratie ne doit plus être un produit de luxe réservé à une fraction de l’humanité.
C’est pour cette raison que, dès 2008, j’ai décidé de préparer l’alternance au Togo, dans la perspective des élections présidentielles de 2010.
Mon action a rendu le pouvoir fébrile au point de séquestrer pendant douze heures le Président de la Cour Constitutionnelle togolaise afin qu’il me déclarât inéligible.
Dans l’impossibilité de me présenter à l’élection présidentielle, je me suis concentré sur l’unification de l’opposition togolaise au sein d’une seule structure cohérente : le Front Républicain pour l’Alternance et le Changement (F.RA.C), dont je suis devenu le porte parole.
Le FRAC permit la victoire de son candidat unique Jean Pierre Fabre aux élections du 4 mars 2010.
Ce scrutin a été, bien évidemment, confisqué par le pouvoir, qui a déclaré Faure Gnassingbé vainqueur.
Depuis l’annonce du « résultat », les Togolais se rassemblent en masse pour défiler dans Lomé, défiant l’autorité d’un tyran saisi par l’ubris.
Sous l’influence d’un curieux mélange de panique et de violence, la dictature emploie les vieilles méthodes barbares du père pour sauver le fils.
Le colonel Yark, le bourreau officiel de Faure Gnassingbé, organise des enlèvements dont deux de mes plus proches collaborateurs ont d’ailleurs été les victimes le 2 juillet dernier.
A cela vient s’ajouter la répression systématique de toutes les manifestations, grèves et veillées de prière.
Malgré toutes ces épreuves, la lutte continue et je vais prochainement retourner au Togo avec un courage renouvelé par les exemples tunisien et égyptien.
Le régime, en truquant les résultats des élections de 2005 et de 2010, nous a prouvé qu’il n’accepterait jamais la sanction des urnes; notre liberté il nous faudra la lui arracher.
J’espère que les démocrates qui liront ces quelques lignes apporteront leur soutien sans faille à un peuple qui se bat pour sa dignité.
La France, celle des droits de l’homme, celle qui a fait dire à Benjamin Franklin, père fondateur des Etats Unis d’Amérique, que « tout homme avait deux patries la sienne et la France », doit être sans équivoque à nos côtés.
C’est là que se trouve sa place, c’est de cette France-là que le monde a besoin.




mardi 7 juin 2011

TOGO: LA PERPETUELLE DUPERIE


Le Togo est un pays francophone constitué d’une bande de terre de 55 000km2, située sur la côte du Golfe de Guinée, limitée au Nord par le Burkina Faso, à l’Est par le Bénin et à l’Ouest par le Ghana. Le pays compte environ 6 millions d’habitants, répartis en 37 ethnies.
Son histoire comme sa géographie, sont un concentré de celles de l’Afrique de l’Ouest. Sur ses 600 km de long, le Togo offre au visiteur l’ensemble de la panoplie des paysages d’Afrique: au sud, la grande forêt et au nord, le début des éléments sahéliens.
Colonie allemande entre 1884 et 1914, le Togo passe sous tutelle française sous le contrôle de la Société Des Nations (SDN), l'ancêtre de l'ONU, en 1914. Il accède à l’indépendance le 27 avril 1960 sous la conduite de Sylvanus Olympio, son premier Président, assassiné le 13 janvier 1963 par une demi-douzaine de sergents sans solde fraîchement libérés par l’armée française à la fin de la guerre d’Algérie.
Depuis cette date, le Togo écrit quotidiennement son histoire avec le sang de ses enfants. Tombé sous une dictature sanglante sous la férule de Gnassingbé Eyadema jusqu’à sa mort le 5 février 2005, le pays est très gravement ensanglanté par son armée qui décide, avec la complicité de ses milices, de confier le pouvoir à un des nombreux fils du défunt président.
Le système mis en place depuis 1967 continue de fonctionner à plein régime : il est fait d’un dosage machiavélique de violence politique, d’absence totale de démocratie, d’impunité, de corruption et de pillage systématique des biens publics.
Aussi bien le pouvoir en place que l’opposition, l’institution militaire, la société civile, les média, la diaspora, la communauté internationale… au Togo tout le monde confond allègrement la carte et le territoire.
Le pouvoir se contente de réciter des litanies de mots jolis mais vides de sens : démocratie apaisée, respect des droits humains, développement en cours, retour des investisseurs…
L’opposition clame sa volonté de changement, mais se complait dans son statut d'opposition.
Fagocités, tenus en laisse ou quotidiennement violés par le pouvoir, les média ne sont pas en reste: ils ne peuvent pas jouer leur rôle...
La société civile et la diaspora se font balader, diviser, manipuler…
L’institution militaire, très présente et très pesante dans la politique nationale, parle de réconciliation nationale mais ne cesse de martyriser la population, dans la plus totale impunité.
Quant à la communauté internationale, par son silence et son indifférence, elle se fait objectivement complice d’un régime redoutablement autocratique.
Les élections, organisées depuis les années 90 à la suite du discours de La Baule de François Mitterrand, ne sont ici qu’un simulacre par lequel tout participant n’apporte que sa part de légitimation au pouvoir.
De guerre lasse, ils sont nombreux, tant de la société civile que de l’opposition, ceux qui ont fini par « jeter l’éponge » et accepter dans la honte et le déshonneur, de collaborer avec le pouvoir. Le dernier exemple en date est celui de M. Gilchrist Olympio, auto proclamé « champion de l’opposition historique » …qui vient de se rendre avec armes et bagages à son ennemi d’hier : une capitulation en rase campagne qui a de fortes odeurs de trahison.
Le scrutin de 2010 pour l’élection présidentielle n’a pas dérogé à la règle : fraudes massives, bourrage des urnes, bureaux de vote fantômes, menaces…devant le regard ébahi des observateurs européens.
En résumé, le peuple togolais vit une longue nuit de dupes qui dure depuis 50 ans : découragés et affamés, les Togolais ne pensent alors plus qu’à leur survie.
C’est cette duperie acceptée par tous, comme dans un sordide complot entre le pouvoir, les oppositions, l’institution militaire, la société civile, la communauté internationale… qu’il faut dénoncer pour y mettre un terme.
Pour la première fois sérieusement remise en cause à l’intérieur par des manifestations hebdomadaires géantes, ``boudée'' et isolée à l’extérieur grâce à notre entregent diplomatique, la dictature togolaise est en butte à de réelles difficultés. Elle n’a jamais été aussi fragile et elle le montre par sa fébrilité.
Ce n’est donc pas le moment de relâcher notre pression. Au contraire, c’est le moment que j’ai choisi pour lancer un nouveau parti politique du nom de «SURSAUT», avec l’objectif de rassembler toutes les bonnes volontés sur les valeurs républicaines: liberté, égalité, fraternité, solidarité, justice, laïcité.
Pour réussir mon projet, j’ai besoin de l’aide de tous les démocrates du monde. La république togolaise sera la République de tous, sans distinction d’origine, de race, de sexe, d’appartenance religieuse ou philosophique. 
Kofi Yamgnane

Soyez les bien venus

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