mardi 27 mars 2012

LA RUPTURE AVEC LA NATION



Sarkozy traite François Hollande de «nul»...est-ce pour cacher qu'il est le spécialiste en nullité. Au lieu de dire n'importe quoi et de proférer des injures, il ferait mieux d'annoncer son programme. Le problème, c'est que son programme, c'est son bilan! Il n'a pas de programme, seulement un terrible bilan : 1 million de chômeurs supplémentaires en cinq ans, une dette augmentée de 537 milliards d'euros, la perte du triple A, une France divisée, des grands patrons du CAC40 à la rémunération moyenne de 4,1 millions d'euros et qui s'augmentent en 2010 de 34 %, bond de 34% de la valeur de son propre patrimoine en 5 ans de présidence. Dans le même temps la progression du salaire moyen des Français est de 2,10 % cette même année, primes et heures supplémentaires comprises.
Bref, cinq ans au service de l'erreur, pour ne pas dire du mensonge.
Ça suffit: la rupture avec la nation est consommée!

lundi 26 mars 2012

DESCARTES, AU SECOURS!



Lorsque Nicolas Sarkozy, à propos des crimes de Montauban et Toulouse, veut se faire passer pour le "président de la sécurité" et pour le "président protecteur" alors qu'il excite, stigmatise, exclut, provoque... il nous démontre plutôt qu'il est le plus grand sophiste président de toute l'histoire de la Ve République.

vendredi 23 mars 2012

MORT D'UN ÉTUDIANT À KARA CE MATIN



De graves violences ont repris depuis lundi 19 mars 2012 à l'Université de Kara, au Nord-Togo. Aujourd'hui jeudi 22, les étudiants ont bloqué la route qui mène à l'université et aussi à Lomé, la capitale du pays. Les étudiants veulent ainsi rendre hommage à leur collègue battu à mort par les parachutistes déguisés en gendarmes pour la circonstance. En effet un étudiant manifestant lundi est mort ce matin des suites de ses blessures provoquées par la sauvage bastonnade des faux gendarmes. D'où la colère des étudiants et leur décision d'affronter les militaires.
Depuis ce matin, c'est toute la ville qui s'est révoltée et a rallié les étudiants. Toute la ville de Kara est désormais occupée par l'armée qui «patrouille» dans tous les quartiers pour en déloger les étudiants cachés par la population afin de les soustraire à la ratonnade de la soldatesque de Faure Gnassingbé.
Rien ne va plus au Togo. Les Togolais fatigués de ce régime de tortionnaires ne savent plus à quel saint se vouer. 
Souvenons-nous, c'est ainsi qu'a commencé «le printemps arabe» à Tunis...

jeudi 22 mars 2012

MARRE DES COUPS D'ÉTAT!



L'exemple de démocratie et de stabilité que donnait le Mali depuis vingt ans vient d'être mis à terre au grand désespoir de toutes les personnes de bonne volonté regardant ce pays comme une lueur d'espoir, dans un continent malade des coups de force.

C'est le pire qui pouvait arriver à ce pays. Le Mali ne méritait pas cela. Le Président Amadou Toumani Touré ne méritait pas cela non plus, à moins de 45 jours d'un scrutin qu'il mettait un point d'honneur à organiser, afin de consolider l'alternance en passant à son tour la main à un nouveau Président de la République.

Il semble que les mutins n'aient pas d'autre revendication que celle d'être mieux armés pour affronter la rébellion qui sévit dans le Nord du Mali. "Tout ça pour ça ?" serait-on tenté de dire. Car à ce jour, rien n'indique que les mutins puissent avoir une meilleure prise sur le conflit dans le septentrion malien.

Une chose demeure constante pour la communauté internationale et africaine : les coups d'État sont à condamner car ils constituent un facteur de régression et une aventure antinomique au développement harmonieux d'un pays.

Il est impératif que les élections présidentielles prévues le 29 avril prochain aient lieu, et le plus tôt sera le mieux, au risque sinon de plonger le pays dans une spirale que nul ne peut prévoir et d'ouvrir “la boîte de pandore” pour l'ensemble du continent.

À BAS LES COUPS DE FORCE MILITAIRES!

mardi 20 mars 2012

POMPIERS INCENDIAIRES!


Trois soldats français assassinés, froidement abattus dans le dos...Deux d'entre eux sont «arabes», le troisième est «noir».
Quelques jours plus tard: 3 écoliers ainsi que leur maître sont assassinés, froidement abattus dans le dos...ils sont «juifs» tous les quatre.
Deux certitudes:
  • Le racisme n'est jamais mort. C'est pourquoi il est totalement inadmissible que nos dirigeants en jouent à ce point: stigmatisation des Roms, chasse aux immigrés, dénonciation des prières musulmanes et des abattages rituels, hiérarchisation des civilisations...etc.
  • Le bilan de la politique «sécuritaire» vantée sur tous les tons et dans tous les médias est catastrophique. Il ne sert à rien de déclarer vouloir «terroriser les terroristes» et passer son temps à exciter ces mêmes terroristes

C'est un spectacle étrange et affligeant que de voir tous ces incendiaires du vendredi jouer ensuite aux pompiers le samedi. 

lundi 19 mars 2012

TOGO: AU SECOURS!




Voici l'information du jour concernant l'Université de Kara (UK) au nord du Togo.
Ce matin dès 5:00 heures, les gendarmes et les parachutistes ont investi le campus universitaire. À l'heure qu'il est (22:00 heures), le campus est toujours le théâtre d'affrontements violents entre l'armée et les étudiants très furieux de manquer de tout: bourses d'études promises mais jamais accordées, absence de restaurant et de cité universitaires, pas de bibliothèque, amphis surchargés... Depuis la rentrée universitaire, ils sont des milliers d'étudiants à vivre cette galère.
Donc depuis ce matin, le pouvoir togolais, pour toute réponse, a déversé par centaines ses parachutistes qui fouillent systématiquement tout étudiant entrant à l'université ou tentant d'en sortir.
La ratonnade est dirigée par le trop fameux sergent Innocent Massina, frère du colonel du même nom, patron de l'Agence Nationale du Renseignement (ANR) qui a défrayé la chronique à cause des tortures qu'il inflige aux nombreux prisonniers politiques du Togo, affaire mise au jour par la CNDH et que le gouvernement togolais a tenté de nier avant d'être contraint de la reconnaître.
Aidez-nous! Relayez l'information! Diffusez-la partout!Que le monde entier enfin sache!

samedi 17 mars 2012

L'AFRIQUE ET SES DIASPORAS: QUELLES RESPONSABILITÉS?


Selon le petit Larousse, la DIASPORA est «l'ensemble des membres d'un peuple dispersés à travers le monde mais restant en relation»

Alors, les centaines de millions d'Africains dispersés à travers le monde constituent-ils une diaspora? A mon avis, la réponse est clairement non! En effet les émigrés africains ne cultivent entre eux aucune relation au sens diasporique du terme. Donc avant même de parler du rôle en Afrique des émigrés africains ailleurs dans le monde, c'est-à-dire tous ceux qui devraient constituer la DIASPORA, encore faut-il déjà définir ce qui peut nous mettre en relation les uns avec les autres, là où nous sommes. Qu'est-ce qui peut bien nous unir et quels objectifs devons-nous nous fixer dans les pays d'accueil d'abord, autour des intérêts de notre continent, ensuite?

A mon sens quatre grands axes de travail:

1- Cultiver la mémoire des peuples noirs pour démontrer et justifier, à la face du monde et sans ambiguïté, la légitimité de notre présence partout sur le globe: esclavage, force de travail pour le développement de tous les pays de tous les continents, participation à toutes les guerres entre tous les peuples, en tous lieux et à toutes époques de l'histoire de l'humanité, rayonnement sans équivoque de notre culture sur tous les continents...La lutte contre le racisme et pour notre dignité commence à l'étranger, là où nous vivons...

2- Prendre réellement conscience de notre responsabilité historique dans l'Histoire de l'Afrique moderne en gestation. Dans le cadre du vaste mouvement de la mondialisation, il est devenu coutumier de décrire le monde comme un village, le village global, qui aurait pour laboratoire de recherche, l’Inde; la Chine pour atelier; l’Amérique pour caserne de gendarmerie et de pompiers; l’Europe pour centre social et l’Afrique pour cimetière. L'Histoire ne nous pardonnerait jamais d'avoir pris conscience de cela et d'avoir laissé faire!

3- Nous organiser réellement, comme l'ont fait avant nous la dispora isaélienne, la diaspora chinoise ou la diaspora indienne sur les trois plans que je considère comme incontournables:
  • sur le plan social: afin de venir en aide à tous les Africains en difficulté à l'étranger, ce qui peut nécessiter la création d'une caisse de solidarité ou tout autre moyen; faciliter le retour sur le continent de nos cadres formés pour participer à la construction et au développement de l'Afrique
  • sur le plan économique: Cela est indispensable si nous voulons coordonner nos actions et nos projets d'investissement pour céer la synergie nécessaire pour accroître notre poids économique dans nos pays respectifs. Des projets importants comme la création d'un «Fonds mondial de la diaspora» pour mettre en place des crédits d'investissement ou comme la naissance d'un «Réseau d'experts» pour réfléchir à des stratégies de développement...peuvent et doivent rapidement voir le jour.
  • sur le plan politique: afin d'exister pour peser de tout notre poids sur les décisions qui concernent les citoyens africains en Afrique; afin de conquérir le droit de vote et le droit d'éligibilité pour enfin imposer l'élection de nos représentants dans tous les Parlements nationaux et obtenir une représentation par un «Commissaire» au sein de l'Union Africaine

4- Prendre conscience que les émigrés africains constituent désormais une force incontournable dans les «jeux, économique, du développement ou politique» au niveau de l'Union Africaine pour au moins trois raisons:
  • son poids démographique et ses ressources humaines : la diaspora est considérée comme la « 6ème région » africaine. Selon les estimations, la diaspora africaine se répartit de la façon suivante selon les régions : 40 millions de personnes en Amérique du Nord ; 113 millions en Amérique latine ; 14 millions dans les Caraïbes et 4 millions en Europe. Elle compte donc environ 171 millions d'individus: le pays le plus peuplé d'Afrique! On y dénombre des centaines de milliers de cadres supérieurs «prêts à l'emploi», mais aussi de nombreux talents, d'experts, de spécialistes de tous ordres, d'artistes pour faire rayonner encore davantage les cultures de notre contient... etc.
  • son poids économique: elle contribue de manière déterminante, par un apport financier qui dépasse l'aide au développement, à la subsistance des Africains restés en Afrique. Les envois de fonds enregistrés vers les pays d’Afrique subsaharienne s’élèvent à environ 40 milliards de dollars par an. Un exemple concret: les seuls immigrés Maliens de France versent au Mali le double de toute l'aide extérieure consentie au Mali par les puissants...
  • son engagement politique par solidarité patriotique et par amour de son continent d'origine ainsi que son poids médiatique.
En conclusion, malgré ses convulsions, ses violences, ses échecs politiques, son fiasco sanitaire, son absence dans les grandes négociations internationales, son insignifiance dans le commerce international, son endémique pauvreté, ou plutôt à cause de tout cela, l'Afrique impose à sa DIASPORA le devoir historique d'intervention dans les affaires de notre continent dont l'organisation sous la forme des «ÉTATS UNIS D'AFRIQUE» sera la première illustration de notre combat pour notre unité et notre dignité.
Sans attendre l'avènement de cette renaissance, les diasporas africaines doivent se donner un premier objectif impératif qu'est l'instruction et la formation de la jeunesse africaine, aujourd'hui analphabète à 50% ou 70%. Pour cela les diasporas doivent se mobiliser pour atteindre à l'horizon 2017 (5 ans):
  • 100% d'une classe d'âge au niveau de la fin des études primaires
  • 50% d'une classe d'âge au niveau de la fin des études du collège
  • 30% d'une classe d'âge au niveau de la fin des études du lycée
Nous pouvons le faire si les diasporas prennent conscience qu'il ne peut y avoir de développement sans formation des citoyens.

Le deuxième objectif impératif à atteindre est la mise en place d'une politique de maintien en Afrique des cerveaux africains. La fuite des cerveaux vers les pays occidentaux est une saignée de plus en plus insupportable à l'Afrique. Malgré les accords de Schengen, malgré les lois nationales qui repoussent les émigrants africains, l'Europe continue à gémir devant la pression que l'immigration ferait peser sur son économie, sa sécurité sociale, ses logements... en ignorant que ce flux d'immigrés est bien plus dramatique pour les pays fournisseurs que pour elle. Il m'a été dit que dans Paris intra muros, on compte plus de médecins togolais que de médecins dans tout le Togo! Ce n'est qu'un exemple pour illustrer le drame que vit l'Afrique en matière d'émigration. À cette fuite des cerveaux, il convient d'ajouter la fuite des muscles: en effet, où sont nos sportifs les plus talentueux?

C'est un devoir de la diaspora de prendre conscience de cette perte sèche et d'essayer d'y trouver une réponse.

Mais la première obligation est celle des gouvernements africains d'offrir à leurs concitoyens les conditions matérielles, politiques et économiques susceptibles de les retenir sur le continent et mettre ainsi fin à la fuite des cerveaux.

Leur deuxième obligation est de créer les «environnements favorables» à la participation de leurs diasporas: on sait que plusieurs pays n'ont toujours pas «octroyé», par exemple, le droit de vote à leurs concitoyens expatriés qui n'ont donc le droit de vote ni dans leur pays d'accueil, ni dans leur pays d'origine! Tant et si bien qu'ils deviennent des vrais «citoyens-chauves-souris»: ni tout à fait oiseaux, ni tout à fait souris! Que chacun prenne ses responsabilités: les dirigeants africains d'un côté, la diaspora l'autre.

Pour ce qui nous concerne, nous diaspora, nous avons travaillé depuis déjà plusieurs années sur le dossier de l'éducation et de la formation.

Mais nous travaillons aussi sur bien d'autres projets concernant les transferts de technologies dans des domaines aussi divers que l'agriculture, l'assainissement, l'eau potable, l'énergie, les nouvelles technologies ou la santé.

J'appelle tous les Africains exilés à travers le monde et qui ont conscience de leur responsabilité dans le développement de notre continent; tous les volontaires, d'où qu'ils viennent, qui souhaitent participer à l'éveil de l'Afrique, à manifester leur intérêt auprès de www.sursauttogo.org en s'y inscrivant ou en s'y abonnant pour qu'ensemble, nous mettions sur pied les projets qui construiront l'Afrique de demain.

mardi 13 mars 2012

INNOCENT ET NARCISSE: ENFIN LIBRES!



                                            COMMUNIQUÉ DE PRESSE

L'Association SURSAUT-TOGO salue la libération, ce lundi 12 mars 2012, de ses militants Innocent Assima et Narcisse Azanléko, arbitrairement arrêtés, incarcérés et torturés depuis le 1er
juillet 2010 dans les geôles du pouvoir RPT à Lomé.

SURSAUT-TOGO se réjouit profondément de la libération de ces deux compatriotes qu'elle n'a jamais cessé de réclamer jusque devant l'Assemblée nationale française (par le biais d'une question orale) et la Cour de justice de l'Union Africaine (UA).

SURSAUT-TOGO remercie tous les partenaires (les associations de défense des droits de l'Homme, les partis politiques... et l'ensemble du peuple togolais) pour leur soutien et pour les diverses pressions exercées sur le gouvernement tortionnaire de Faure Gnassingbé et de son parti anachronique, le RPT.

Malgré l'euphorie légitime qui a suivi cette libération, SURSAUT-TOGO appelle l'opinion nationale et internationale à la vigilance pour éviter à Innocent Assima et Narcisse Azanléko de faire les frais des inconditionnels sbires du RPT.
Par conséquent, SURSAUT-TOGO tient Faure Gnassingbé pour personnellement responsable et garant de l'intégrité physique et morale de nos deux compatriotes.

SURSAUT-TOGO exige une fois encore, la libération de tous les autres prisonniers politiques détenus dans les prisons sur toute l'étendue du territoire national.
La lutte pour la libération du peuple togolais connaîtra bientôt son épilogue et SURSAUT-TOGO reste convaincue que ni la dictature, ni les fraudes électorales, ni les tripatouillages des rapports de l'ONU en 2005 ou de la CNDH en 2012, ni l'embastillement... n'arrêteront notre marche résolue vers la démocratie, la justice et le bien-être.

Fait à Paris, le 12 mars 2012
Pour le Bureau de SURSAUT-TOGO
Le président
Kofi Martin Yamgnane

samedi 10 mars 2012

CÔTE D'IVOIRE: QUEL AVENIR SANS GBAGBO?




Après les tentatives dramatiques de partition du pays, après deux guerres civiles et leurs cortèges de morts, de blessés, de déracinés, de veuves et de veufs, d'orphelins...la Côte d'Ivoire est sortie exsangue d'une longue crise qui n'en finit pas...
Nous avons tous espéré que le passage par les élections montrerait une voie pacifique de sortie; que la présence de l'ONU, arbitre du scrutin unanimement coopté par l'ensemble des protagonistes, faciliterait le tracé de cette nouvelle voie. Mais tel n'a pas été le cas, puisque l'arbitre a été contesté puis rejeté... Nous espérons encore aujourd'hui que cette voie est possible si elle est balisée par des initiatives fortes: vérité, justice, pardon, réconciliation, unité, reconstruction. Un tel balisage relève désormais de la seule responsabilité des protagonistes in situ mais plus singulièrement de la responsabilité des gouvernants, c'est-à-dire le Président Ouattara et son gouvernement.
Force est pour nous de constater que leurs premières décisions n'encouragent pas la mise en place des préalables incontournables au pardon. On ne peut que déplorer l'emprisonnement sans jugement de l'épouse du Président Gbagbo, de plusieurs de ses fidèles et surtout de son fils Michel qui n’exerçait pourtant du temps de son père aucune responsabilité ni au sein du parti, ni dans le gouvernement: il était juste professeur à l'Université d'Abidjan! La «cerise sur le gâteau», en quelque sorte, c'est le transfèrement du Président Gbagbo lui-même à la CPI de La Haye!
Je déplore prfondément tout cela qui constitue à mes yeux un contresens invraisemblable à la TRADITION multiséculaire des cultures et des civilisations africaines! En effet, l'Histoire d'Afrique nous enseigne que quels que soient les crimes commis par un «chef africain», il est inconcevable que celui-ci soit livré pieds et poings liés par les siens à un chef étranger à des fins de jugement. Illustration: le Président Nelson Mandéla avait au moins autant de griefs contre Frédérick Declerk et les siens que Ouattara contre Gbagbo, pour transférer à la CPI les tenants de l'apartheid en Afrique du Sud. Au lieu de quoi, le vieux Sage a prôné le pardon et la réconciliation entre tous les citoyens d'Afrique du Sud. N'est-ce pas la décision qui a fait de lui l'exemple et la référence pour toute l'humanité de ce début de siècle? Qu'est-ce qui a bien pu empêcher Ouattara de faire ce qu'a fait Mandela?
Il n'est pas trop tard pour rectifier le tir: Ouattara peut demander et obtenir le retour de Gbagbo à la maison. C'est chez nous que les négociations doivent avoir lieu, qui aboutiront à la justice, au pardon et à la réconciliation, comme en Afrique du Sud.
C'est la condition sine qua non pour que cette Côte d'Ivoire aujourd'hui coupée en deux, puisse être réunifiée et à nouveau gouvernable...faute de quoi, le sentiment de vengeance et le chaos qui l'accompagne continueront à prévaloir dans le pays.


vendredi 9 mars 2012

François Hollande, une chance pour l'Afrique




Soyons pragmatiques: un président est élu par son peuple pour s'occuper d'abord. En vertu de ce principe simple et compréhensible de tous, lorsque François Hollande s'installera à l'Élysée, ce sera pour s'occuper prioritairement des Français qui en ont bien besoin. Il n'ira donc pas en Afrique pour y installer la démocratie à la place des Africains.
Pour autant, en tant qu'humaniste et homme de gauche, il ne pourra être insensible au sort des peuples africains.

Tout d'abord, tirer le bilan de 50 ans de relations ambigües
Lors de la présentation des 60 engagements pour la France, le 26 janvier dernier, il avait placé son projet présidentiel dans une démarche de volonté, de lucidité et avant tout de clarté et de justice. Telle est toujours sa démarche dans la perspective où il lui reviendrait de redéfinir les relations de la France avec l’Afrique et en particulier avec les anciennes colonies ou ces pays sur lesquels l’histoire a conduit la France à exercer divers mandats.
Au nom de cette transparence et de cette justice, il privilégiera une approche plus respectueuse des peuples d'Afrique par la reconnaissance des aspirations populaires trop souvent brimées par des régimes autoritaires et parfois corrompus.
C’est en toute conscience qu’il veut tirer un trait sur le bilan mitigé d’une indépendance politique acquise il y a cinquante ans et depuis trop souvent dévoyée. Dénaturée à travers notamment la Françafrique dont l’actualité récente en France nous a replongés dans ses faits d’armes les plus cocasses au gré des déclarations romanesques de ces petits porteurs de valises.

Cette «Françafrique» a de multiples facettes:
  • le soutien ou la tolérance vis-à-vis de régimes politiques dictatoriaux, parfois installés par le gouvernement français lui-même, au mépris des populations.
  • les circuits mafieux d'argent et les trafics en tous genres, dont le sol africain est devenu le terrain de jeux,
  • le déni de l’Histoire, lorsque la majorité sortante, par la voix de Nicolas Sarkozy, met en doute la capacité de l’Afrique à accéder à la démocratie, voire à “rentrer dans l’Histoire”, niant le passé parfois glorieux de ces peuples.
  • des politiques de solidarité qui s’effritent, au profit d’illusoires politiques de gestion concertée des migrations ou de promotion des relations commerciales, au profit d’un nombre très limité de multinationales.
  • des interventions militaires improvisées, qui mettent en danger les ressortissants français et donnent de la France l’image d’un gendarme désirant avant tout préserver ses intérêts.


Ensuite, refonder ces relations sur des bases seines
Tourner définitivement la page de la colonisation, en finir avec les formes plus ou moins subtiles du paternalisme néocolonial, regarder l'Afrique comme elle est aujourd'hui et pressentir ce qu'elle sera demain, entrer dans une coopération sur la base de l’égalité et du respect mutuel et s'appuyer sur les forces qui feront l'Afrique de demain: étudiants, jeunes entrepreneurs, diplômés au chômage, artistes, écrivains, diasporas...
Enfin, disons-le tout net: aux yeux de beaucoup d’Africains, l’interventionnisme armé de la France et le recours très «sélectif» à la Cour Pénale Internationale incarnent une nouvelle «mission civilisatrice occidentale», rappelant à bien des égards la douloureuse «pacification» de l’ère coloniale.
Pendant les cinq dernières années, Nicolas Sarkozy en a fait la promotion. François Hollande veut rompre avec ces clichés surannés.


Prendre en compte l'impératif démocratique
Il y a un an, une vague de mouvements populaires mettait fin aux dictatures qui opprimaient la Tunisie, l’Egypte et la Libye. Cette vague d’espoir a également atteint la Syrie, où la majorité de la population se bat pour sa liberté. Au Sud du Sahara, d’autres jeunes Africains partagent eux aussi cette aspiration à la démocratie, à la liberté et au respect de leurs droits élémentaires. On y retrouve la même exaspération face à l’injustice sociale, la pauvreté, les inégalités, les manquements à la liberté de la presse ou à l’indépendance de la justice, et la même colère face à la confiscation du pouvoir par un clan et à des joutes électorales jouées d’avance.
La France aura la bonne réactivité devant de tels événements s'ils venaient à se produire et elle encouragera la recherche de solutions pacifiques négociées conformément à la culture et aux civilisations africaines: à l'instar du Président Nelson Mandela, François Hollande encouragera partout le pardon et la réconciliation plutôt que l'affrontement et la violence.

Lancer une opération vérité sur la politique d’aide publique au développement
Un constat lucide s’impose: l’aide publique au développement divise les Français. Près de la moitié d’entre eux la juge inefficace, quand l’autre moitié estime nécessaire de la poursuivre et même de l'amplifier, en particulier en temps de crise. Cette division vient, en partie, du caractère fantaisiste et mensonger des déclarations d’aide au développement et d’engagements internationaux jamais tenus. Si l’aide est trop peu lisible et jugée inefficace, c’est aussi parce qu’elle est en réalité très limitée. La France déclare 10 milliards d’euros d’Aide Publique au Développement (APD) à l’OCDE, alors que la «mission APD» n'a représenté que 3.3 milliards d’euros en crédit de paiement dans la loi de finances 2012. Il est donc tout à fait nécessaire de faire une grande opération vérité sur les comptes de l’APD française pour rétablir tout à la fois la vérité et la crédibilité de cet instrument. Depuis 5 ans, la politique de coopération se caractérise par une «bulle déclarative», avec un énorme écart entre les coûts pour l’État, qui sont faibles (0.25% du PIB), et les sommes déclarées (près de 0.5% du PIB). Par ailleurs, les remboursements massifs de prêts qui interviendront dans les prochaines années entraîneront des flux non moins massifs d’aide négative! Il y a là un problème démocratique majeur qui sera résolu dès le vote du budget 2013, en faisant toute la transparence sur la nature et la répartition des dépenses d’APD.

Participer au renforcement de la sécurité collective en Afrique
Toute instabilité sur le continent africain, aux portes de l’Europe, a des conséquences pour la France, pour nos partenaires européens et pour leurs ressortissants qui résident en Afrique.
C’est pourquoi François Hollande souhaite repenser la politique de lutte contre le terrorisme, en particulier au Sahel, pour permettre aux forces nationales concernées de lutter plus vigoureusement contre Al-Qaïda au Maghreb Islamique et les entités qui collaborent ou commercent avec cette organisation.
Cela supposera de clarifier la politique française en matière de prise d’otages, et d’arrêter de financer d’un côté des organisations que la France prétend combattre de l’autre.
Dans ce domaine, en partenariat avec l'UE et l'ONU, l'Union Africaine et les organisations régionales et sous-régionales africaines (CEDEAO, SADC, UEAC...) doivent jouer le rôle qui est d'abord le leur, à savoir: définir l’architecture de défense du continent.
Voilà quelques-unes des orientations que retient François Hollande, après cinquante ans de coopération chaotique.


Kofi Yamgnane
Conseiller aux Relations africaines

mardi 6 mars 2012

FRANCE AFRIQUE : ENFIN LA RUPTURE




En 2007, le candidat Sarkozy avait promis la rupture avec la françafrique. Mais le Gabon comme première destination présidentielle sur le sol africain, le discours de Dakar, la poursuite des sommets franco-africains, l’absence totale de réflexion sur la persistance du franc CFA, l’accentuation de la chasse éperdue aux immigrés... dévoilaient rapidement la difficulté d’innover.
L’âge du Président Sarkozy, qui n’a pas connu la période coloniale, aurait pu faire penser qu’il serait porteur d’une nouvelle vision pour l’Afrique. Mais cet âge s’est plutôt révélé un handicap : à la différence de ses prédécesseurs, de l’Afrique il connaissait mal l’Histoire et les enjeux.

Aujourd’hui, une nouvelle campagne présidentielle commence. C’est l’occasion de s’interroger sur la politique africaine qu’un autre locataire de l’Elysée pourrait promouvoir.
Dans les relations entre la France et l’Afrique Noire, dont un récent et excellent film présenté par ARTE a donné tous les détails, il persiste des anachronismes dont on s’interroge sur les raisons de leur survivance dans le pays des Droits de l’Homme.
Ces relations pour le moins ambigües que la France entretient avec ses anciennes colonies d’Afrique Noire couvrent bien des secteurs : soutien à des régimes corrompus, vente d’armes à des pays dont les revenus devraient servir à d’autres priorités, exploitation colonialiste des richesses brutes sans retombées positives pour les populations... Qu’est-ce qui justifie ces comportements ? La raison d’État et l’intérêt de la France? Mais cet intérêt égoïste ne peut, de toute évidence, durer éternellement !
À titre d’exemple, les bases militaires françaises doivent être issues d’une collaboration organisée avec les pays hôtes. Les étudiants africains et les élites issues de l’immigration doivent être considérés comme des ambassadeurs potentiels de la France en Afrique. Le codéveloppement devrait sortir des chemins miséreux des aides pour devenir transferts de technologies et de production à haute valeur ajoutée, sans oublier développement social et protection de l’environnement.

La politique migratoire française menée par Guéant aidant, de plus en plus de jeunes Africains se tournent vers les pays anglo-saxons et les pays dits “émergents” tels la Chine, l’Inde, le Brésil .... Et l’on comprend Comment la France a perdu l’Afrique, comme l’expliquait Stephen Smith. Ces jeunes sont les dirigeants de demain, quels pays seront leurs partenaires ? L’allié historique qui les a lâchés ou bien les nouveaux amis qui leur ont tendu une main respectueuse ?
La francophonie, autre fleuron de la fraternité franco-africaine, est hélas gérée avec la même arrogance, avec d’un côté la France majuscule et de l’autre l’afro-francophonie mineure. Qu’est-ce qui justifie que, le 14 juillet 2010, Nicolas Sarkozy ait convié les dirigeants de quatorze pays africains à venir célébrer, à Paris, le cinquantenaire de leur indépendance, sinon de renouveler publiquement leur serment de vassalité ? Est-ce vraiment à la "Mère-France" d’organiser le goûter d’anniversaire de ses «Enfants-Anciennes-Colonies» ? Il suffisait de savoir traduire le regard des quatorze chefs d’Etats concernés pour comprendre qu’une autre politique s’impose pour sauver ce qui peut encore l’être. Elle devra intégrer le respect des pays et des valeurs de la Révolution française.