dimanche 26 juillet 2015

TOGO : L'HEURE DE VÉRITÉ


Le scrutin présidentiel du 25 avril est derrière nous. Les mises en garde faites en direction de l'opposition n'ont eu aucun écho. Les résultats prédits sont désormais là, mais je ne suis pas fier d'avoir eu raison...
Les menaces et l'achat de conscience par l'État et son administration, l’habileté et la duperie des fraudeurs, leur imagination et leur cynisme... ont dévoyé le processus politique et technique qui aboutit à ce nouveau déni démocratique. Le régime a fait feu de tout bois pour réussir son fric-frac : instrumentalisation de la constitution et des institutions, tripatouillage des listes électorales en amont, éclatement des bureaux de vote, propagande et moyens d’État pour le président sortant, désorientation des électeurs, bourrage classique des urnes, intoxication dans les médias publics ou vendus et, cerise sur le gâteau, coup de force à la Commission électorale nationale indépendante sous l’œil des caméras et celui bienveillant de deux chefs d’État voisins ainsi qu'avec la complaisance des chancelleries et des institutions internationales vis-à-vis de ce régime dont pourtant chacun connaît la violence potentielle, le niveau de corruption des responsables publics, la connivence prébendière des élites économiques et intellectuelles et l’extrême indigence des services publics. Nous savions déjà tout cela, mais...il fallait participer !
Dès le lendemain, la CEDEAO s'est fait humilier par Faure Gnassingbé lors de son 47e sommet tenu à Accra : refus catégorique de celui-ci d'accepter le protocole d'accord sur la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels successifs.
Les oppositions togolaises participationnistes ont-elles enfin compris que ce pouvoir n'accordera démocratiquement jamais aucune réforme au peuple togolais : ni la limitation du nombre de mandats, ni un scrutin à deux tours ? Ont-elles enfin compris que ce pouvoir ne changera jamais tout seul de nature ?
Dans ces conditions, pendant encore combien d'années vont-elles continuer à tromper le peuple et à légitimer un pouvoir qui a fait du Togo la Corée du Nord de l'Afrique de l'Ouest (100% de Coréens n'ont connu qu'un seul régime ; ils sont 90% de Togolais à n'avoir connu que la dynastie Eyadema!) ? N'est-il pas temps de montrer le chemin du vrai combat d'aujourd'hui, celui de la démocratisation qui passe préalablement et obligatoirement par le renversement du rapport des forces ? Et puisque l’exercice démocratique d’une élection transparente et ouverte n’aura jamais lieu au Togo, le rapport de force ne devra-t-il pas se faire un jour ou l’autre dans la rue ?
Mais auparavant ou concomitamment, il faut absolument en passer par la sincérité de nos leaders :
Il y a ceux qui acceptent contre espèces sonnantes et trébuchantes, de participer à la légitimation du pouvoir en se présentant à un scrutin visiblement hors de leur portée. Sinon, comment expliquer qu'un « responsable » politique digne de ce nom, battu à des législatives dans son propre « fief », puisse espérer être élu Président de la République par le pays tout entier ?
Il y a aussi le cas de Jean-Pierre Fabre, nommé « leader de l'opposition » par le pouvoir lui-même. Comment peut-il arborer un tel titre alors qu'il se sait incapable de rassembler cette même opposition qu'il laisse partir en rangs dispersés à un scrutin à un seul tour ? En tout état de cause, il est aujourd'hui devant ses responsabilités historiques et il est dans l'obligation politique et morale de se livrer à un examen de conscience sans concession qui ne peut le conduire qu'au choix entre 4 hypothèses:
1. Rejoindre Faure Gnassingbé dans un gouvernement d'union nationale : c'est la mode inventée par les Occidentaux pour les Africains;
2. Continuer à faire les marches qui ne dérangent ni le pouvoir, ni les intérêts de ceux qui le soutiennent ;
3. Tenter de se perpétuer comme « l'Opposant » officiel dont le rôle assigné par le pouvoir et accepté par lui est d'empêcher tout embrasement de la situation, contre avantages divers et variés.
4. Reconnaître sa faute stratégique et participer modestement à la reconstruction d'une opposition sur une base démocratique et dans laquelle il ne peut plus être leader.

Pour l'opposition togolaise, l'heure de vérité a sonné.

dimanche 12 juillet 2015

CRIMES ET CHÂTIMENTS...

Le couple Faure – Gilchrist, fini ? Comment le RPT/UNIR a fini avec l’UFC
Publié le : jeudi 9 juillet 2015 Source : icilome

A l’époque, les Amis de Gilchrist Olympio (AGO) criaient sur tous les toits que c’est un accord de partage du pouvoir avec le RPT. L’accord, pompeusement qualifié d’historique ou encore de « paix des braves » devraient, selon eux, leur permettre d’occuper des postes importants dans le pays.

Comme des gamins à qui on a promis des biscuits, ils se voyaient déjà dans la peau du ministre, de directeurs de sociétés d’Etat, de préfet et autres. Plusieurs fois, Solitoki Esso, à l’époque ministre de la Fonction publique et signataire de cet accord au nom du Rassemblement du peuple togolais, est monté au créneau pour préciser qu’il ne s’agissait pas d’un accord de partage du pouvoir. Il s’agissait donc d’une simple collaboration entre les deux parties. L’utilisation de Gilchrist Olympio et de son parti par le régime RPT/UNIR comme appât pour attirer les partenaires financiers, a commencé par-là. Mais cela n’a pas suffi à sortir les AGO de leur euphorie. Les tapages médiatiques entretenus par des caisses de résonance ont continué.

Quelques temps après cet accord, le nouveau gouvernement a vu l’entrée de sept (07) éléments de l’UFC, avec un portefeuille de ministre d’Etat à Elliott Ohin qui occupait le département des Affaires étrangères et de la Coopération, même si en réalité, c’est son prédécesseur, un produit du RPT, qui continuait de faire le gros du travail. Dans la foulée, Gilchrist Olympio et ses amis ont déclaré qu’ils changeraient le quotidien des Togolais et obtiendront les réformes constitutionnelles et institutionnelles six (06) mois après leur entrée au gouvernement. Aujourd’hui, les rescapés de l’UFC ne peuvent plus évoquer les réformes constitutionnelles et institutionnelles. Quelques mois après cet accord et leur entrée au gouvernement, la désillusion a été totale. Ils se sont rendus compte que c’est finalement Solitoki Esso qui a eu raison d’eux, mais ils ne peuvent pas l’avouer ouvertement, puisqu’étant déjà au pied du mur. A part quelques agents (membres de l’UFC) parachutés dans les ministères occupés par les 7 éléments du parti, Gilchrist Olympio n’a plus rien obtenu pour ses autres amis. La Direction des sociétés d’Etat, les préfectures et autres ont filé entre les doigts de l’opposant frelaté qui a vu en 2013, d’autres cadres quitter la barque, laissant le parti entre les mains des militants de dernières heures qui font aujourd’hui la pluie et le beau temps. Les réunions du parti ne se résument qu’à un nombre restreint de membres, tournant autour de l’actuel secrétaire général, Pierre Djimongou qui croit détenir le titre foncier du parti.

On ne compte que deux ministres UFC dans le gouvernement de Selom Klassou. Là aussi, si le ministère de l’Environnement et des Ressources forestières, poste occupé par André Johnson est encore acceptable, nombreux sont ceux qui se posent la question sur le machin trouvé à Elliott Ohin, ministre auprès du Premier ministre. Cet ancien pompiste aux Etats Unis a été oublié dans la première publication de la liste du gouvernement au journal de 13 heures dimanche dernier sur la TVT. Il a fallu un réajustement de cette liste pour le retrouver sur la liste publiée un peu plus tard dans le journal de 20 heures. Comme quoi, Faure Gnassingbé en a déjà assez de la collaboration avec l’UFC.

En 5 ans de collaboration avec le régime RPT/UNIR, une collaboration qui n’a profité qu’à Faure Gnassingbé qui a toujours brandi Gilchrist Olympio devant les partenaires en développement comme un trophée de guerre, voilà ce qui reste de l’Union des forces de changement. Un parti en lambeaux, avec la présence de deux ministres seulement, dont un sans portefeuille dans le nouveau gouvernement; le reliquat des cadres qui se cherchent et sont obligés de se battre pour des postes qui n’existent que de nom dans le parti, une jeunesse du parti prête à en découdre avec la vieille garde. Un triste crépuscule pour l’UFC qui, jadis, faisait trembler le pouvoir du général.


Tôt ou tard, toute trahison se paie au prix fort : Gilchrist est-il à plaindre ou à moquer ?