lundi 21 septembre 2015

Burkina Faso : que penser du coup d'état du 15 septembre 2015 ?



En octobre 2014, le Président Blaise Compaoré est emporté par la tempête soulevée par les manifestations populaires contre sa volonté de modifier la Constitution pour pouvoir briguer un mandat supplémentaire à la présidentielle suivante.
Profitant de la vacance du pouvoir provoquée par le départ en exil du Président déchu, une certaine hiérarchie militaire prend le pouvoir. Face au tollé général contre cette mainmise de militaires, ceux-ci désignent comme président un civil mais gardent l'essentiel du pouvoir en s'accaparant du Gouvernement. Un régime dit « de transition démocratique » est alors mis en place. Au fil des mois, le Président nommé apparaît de plus en plus à la fois comme un otage et un faire-valoir des militaires. Une date est fixée pour la prochaine élection présidentielle dont ils interdisent la participation à tout membre de l'ancienne majorité, issue du parti créé par le Président Compaoré. Pour une transition dite « démocratique » dont l'objectif premier devrait de lancer et promouvoir la réconciliation nationale et veiller au respect de toutes les minorités, cette décision d'exclusion n'est pas seulement incompréhensible, c'est une grave faute politique.
Poursuivant sa politique de désignation de « bouc émissaire » et de vengeance à tout prix, le gouvernement de « transition démocratique » décide, il y a peu de temps, de « dissoudre » une unité de l'armée : le « Régiment de la Sécurité Présidentielle (RSP) ».. C'est une décision d'exclusion que le Commandant du Régiment n'accepte pas, raison immédiate de sa réaction et perpétuation du coup d'état.
Pour autant, ce n'est pas une raison pour ne pas dénoncer et condamner ce coup d'état : on ne prend pas le pouvoir par la force et la violence ! Il est urgent que la légalité soit de retour au Burkina Faso !

Quelles leçons tirer de ces événements pour le Togo ?
Tout d'abord, ces événements doivent servir de leçon à tous les revanchards qui sur-peuplent le Togo. Pour la transition devenue incontournable au Togo et que j'appelle de tous mes vœux et que je suis prêt à assumer, je répète ce que j'ai toujours dit : il n'y a pas de place au Togo pour une politique revancharde ou une politique d'exclusion ! Notre leitmotiv doit rester inchangé : écouter, dialoguer, rassurer, réconcilier, rassembler...pour tous les Togolais sans exception.

Voici ma vision du Togo à moyen et long termes
Dans le monde entier, l'idéal humaniste s'est emparé de l'imagination des peuples. Je suis profondément marqué par les grands mouvements politiques visant la libération des peuples. Je veux être pour tous les Togolais le nouvel espoir à l'aube du XXIe siècle. Ma volonté est une émanation de cet idéal humaniste et s’affirme donc comme l’espérance du peuple togolais et des peuples africains.
Cette vision dégage un nouvel horizon afin que puissent être dessinées tant l'organisation que l'évolution de la nouvelle société togolaise: bien vivre ensemble. Cette société de paix, cette société d’espoir, cette démocratie, cette éthique politique nouvelle sont celles où seront possibles la vérité sur ce qui s'est réellement passé dans ce pays, la justice qui doit rétablir dans leurs droits et indemniser toutes les victimes, le pardon qui, accepté par tous... doit aboutir à la réconciliation nationale enfin... Dans cette nouvelle société, je répète, il n'y a de place ni pour la revanche, ni pour la vengeance, ni pour l'exclusion.

Cette société nouvelle est seule capable de «baliser» le chemin des pratiques afin que devienne impossible tout retour en arrière.

samedi 5 septembre 2015

TÉMOIGNAGE POUR LA MORT D'UN MILITANT SURSAUT


Mon cher Magloire,
Dans la vie, nous avons tous des amis et on est ami via nos fréquentations pour partie ; on est ami via l'école que nous avons fréquentée ensemble ; on est ami via une rencontre inopinée et inattendue...
Mais notre amitié à nous s'est construite sur le militantisme pour les idéaux que nous partageons depuis notre enfance heureuse à Bassar : la liberté d'aller et venir, de parler quand on veut, où l'on veut, de quoi l'on veut ; la liberté de contester, de donner son opinion, la liberté de manifester... Tout le monde ne l'entend pas forcément de cette oreille dans ce pays et c'est ce qui t'a causé tant de malheurs : poursuite par les bien-pensants, violences, tortures, exil forcé, prison, maltraitance, maladie.
Ton corps, ton esprit, ton cœur ont été usés par la traque inhumaine dont tu as été victime une trop longue partie de ta trop courte vie.
Fidèle à toi-même ainsi qu'à tes idéaux, tu as été parmi les premiers à me rejoindre dans ma quête pour davantage de liberté et de justice dans ce pays qui nous est cher au cœur. Dans le Grand Bassar, tu n'as eu de cesse de rassembler nos frères et sœurs, d'expliquer le rêve que nous avons fait ensemble de rendre tous les Togolais fiers de leur pays. Tu t'es battu, avec d'autres, pour donner à Bassar, une députée que tu pensais être sur notre ligne : tu as ainsi contribué à crédibiliser notre Mouvement, SURSAUT, sursaut de fierté, sursaut d'honneur, sursaut d'identité, sursaut d'orgueil du peuple togolais en général, du peuple bassar en particulier.
Je m'incline humblement devant le catafalque de ton corps. Je te remercie de tout le travail accompli même s'il n'est pas encore achevé et que nous poursuivrons jusqu'à l'accomplissement total de notre objectif : installer durablement la démocratie au Togo.
Au nom de tous les militants au Togo et à l'étranger, au nom de tous nos sympathisants, au nom de tous nos amis
MERCI DJEDJE ! MERCI ET ADIEU !