Démocratie au Togo: un entretien encourageant
Afreepress
: Selon
vous le dialogue est-il un passage obligé vers les élections
prochaines alors que l’Assemblée nationale est en fin de mandat et
il faudrait la renouveler très vite ?
Inoussa
Nafiou : Je
suis d’accord avec vous, les élections s’organisent à des
périodes bien déterminées. Nous avons été aux élections
législatives en 2007 et cinq après, il était nécessaire que nous
allions encore aux élections. Donc déjà en octobre dernier ou au
plus tard le 10 novembre, on devrait aller aux élections
législatives.
Faut-il
nécessairement un dialogue avant d’aller aux élections ? Je ne le
pense pas. Les Ghanéens ou les Béninois n’attendent pas un
dialogue avant d’aller aux élections, mais c’est lorsqu’il y a
crise comme ce que vit le Togo que tous les acteurs demandent à ce
qu’on s’attende sur les conditions pour aller à ces élections.
Mais qu’à cela ne tienne, je pense que nous pouvons aller à ces
élections, mais je parle en face de l’opposition togolaise. Avec
une action unitaire, nous sommes sûrs et certains que nous pouvons
faire beaucoup de choses, nous pouvons aller à ces élections et
battre le pouvoir si nous y allons en rang serré et présentons des
listes uniques dans chaque circonscription électorale. Dans ces
conditions, nous sommes sûrs et certains au MCD que nous allons
battre ce pouvoir.
Afreepress
:
Vous semblez donner raison à M.
Kofi Yamgnane
qui n’hésite pas à s’attaquer à l’opposition.
Inoussa
Nafiou : Il
faut que nous arrivions à faire des analyses à tête reposée.
Est-ce que M. Kofi Yamgnane
n’a pas raison de dire que certaines personnes pensent qu'au sein
de l’opposition, ils sont les seuls à tout faire ? Est-ce que M.
Kofi Yamgnane
n’a pas raison en disant que l’opposition doit aller en rang
serré aux élections ?
Auparavant
lorsqu’il venait au Togo, il donnait l’impression de quelqu'un
qui avait la science infuse, mais lorsqu’il est revenu et qu’il a
parcouru les hameaux les plus reculés du Togo, il a compris que la
politique togolaise est différente de ce qu’il croyait. Mais tout
ce qu’il a dit dans son interview est réel parce qu’au sein de
l’opposition, nous avons nous-mêmes des problèmes. Nous ne
pouvons pas continuer à dire que c’est uniquement le pouvoir en
place qui fait mal parce qu’on nous a toujours chanté cela. En son
temps, on nous avait dit que tant que «Fo» Gil ne décide de rien,
rien n’allait bouger.
Analysons
les résultats de 2007, si l’opposition togolaise était allée à
ces élections en présentant une liste unique, elle battait
totalement le pouvoir RPT. Même au cours des présidentielles
dernières, il suffisait d’associer les résultats de l’UFC et du
CAR et vous verrez que les deux partis mis ensemble battaient le
pouvoir en place. Mais étant entendu que nous sommes allés à ces
élections en présentant des candidats différents, le pouvoir se
frotte les mains et continue par nous narguer donc nous devons
accepter des critiques à l’interne. Il faut avoir des dispositions
à écouter l’autre, je le dis souvent, lorsque vous avez une
marchandise à acheter, s’il coûte mille (1000) francs CFA et que
vous avez neuf cents (900) francs, je pense que la contribution de
celui qui a soixante-quinze (75) francs et l’autre qui a vingt-cinq
(25) francs est nécessaire pour que vous ayez l’article que vous
voulez si non, vos neuf cents (900) francs ne suffiront pas pour vous
et vous rentrerez à la maison sans votre article. Voilà ce que je
pense.
Inoussa
Nafiou est le 2e Vice-Président du parti: Mouvement Citoyen pour le
Développement et la Démocratie (MCD, opposition)