En octobre
2014, le Président Blaise Compaoré est emporté par la tempête
soulevée par les manifestations populaires contre sa volonté de
modifier la Constitution pour pouvoir briguer un mandat
supplémentaire à la présidentielle suivante.
Profitant de
la vacance du pouvoir provoquée par le départ en exil du Président
déchu, une certaine hiérarchie militaire prend le pouvoir. Face au
tollé général contre cette mainmise de militaires, ceux-ci
désignent comme président un civil mais gardent l'essentiel du
pouvoir en s'accaparant du Gouvernement. Un régime dit « de
transition démocratique » est alors mis en place. Au fil des
mois, le Président nommé apparaît de plus en plus à la fois
comme un otage et un faire-valoir des militaires. Une date est fixée
pour la prochaine élection présidentielle dont ils interdisent la
participation à tout membre de l'ancienne majorité, issue du parti
créé par le Président Compaoré. Pour une transition dite
« démocratique » dont l'objectif premier devrait de
lancer et promouvoir la réconciliation nationale et veiller au
respect de toutes les minorités, cette décision d'exclusion n'est
pas seulement incompréhensible, c'est une grave faute politique.
Poursuivant
sa politique de désignation de « bouc émissaire » et de
vengeance à tout prix, le gouvernement de « transition
démocratique » décide, il y a peu de temps, de « dissoudre »
une unité de l'armée : le « Régiment de la Sécurité
Présidentielle (RSP) ».. C'est une décision d'exclusion que
le Commandant du Régiment n'accepte pas, raison immédiate de sa
réaction et perpétuation du coup d'état.
Pour autant,
ce n'est pas une raison pour ne pas dénoncer et condamner ce coup
d'état : on ne prend pas le pouvoir par la force et la
violence ! Il est urgent que la légalité soit de retour au
Burkina Faso !
Quelles
leçons tirer de ces événements pour le Togo ?
Tout
d'abord, ces événements doivent servir de leçon à tous les
revanchards qui sur-peuplent le Togo. Pour la transition devenue
incontournable au Togo et que j'appelle de tous mes vœux et que je
suis prêt à assumer, je répète ce que j'ai toujours dit : il
n'y a pas de place au Togo pour une politique revancharde ou une
politique d'exclusion ! Notre leitmotiv doit rester inchangé :
écouter, dialoguer, rassurer, réconcilier, rassembler...pour tous
les Togolais sans exception.
Voici ma
vision du Togo à moyen et long termes
Dans
le monde entier, l'idéal
humaniste s'est emparé de l'imagination des peuples.
Je suis profondément marqué par les grands mouvements politiques
visant la libération des peuples. Je veux être pour tous les
Togolais le nouvel espoir à l'aube
du XXIe siècle.
Ma volonté est une émanation de
cet idéal humaniste
et s’affirme donc comme l’espérance du peuple togolais et des
peuples africains.
Cette vision
dégage un nouvel horizon
afin que puissent être dessinées tant l'organisation que
l'évolution de la nouvelle société togolaise: bien
vivre ensemble. Cette société
de paix, cette société d’espoir, cette démocratie, cette éthique
politique nouvelle sont
celles où seront possibles la vérité sur ce qui
s'est réellement passé dans ce pays, la justice qui doit rétablir
dans leurs droits et indemniser toutes les victimes, le pardon qui,
accepté par tous... doit aboutir à la réconciliation nationale
enfin... Dans cette nouvelle société, je répète, il n'y a de
place ni pour la revanche, ni pour la vengeance, ni pour l'exclusion.
Cette
société nouvelle est seule capable de «baliser» le chemin des
pratiques afin que devienne impossible tout retour en arrière.