Dans « Afrique, introuvable démocratie » ( éditions Dialogue) Kofi Yamgnane dénonce le comportement des dirigeants africains mais aussi des entreprises européennes mais avance des propositions pour le développement de ce continent.
Cap Finistère : A qui s'adresse ton nouveau livre ?
Kofi Yamgnane : A toutes celles et tous ceux qui s'intéressent à l'Afrique. Mais je l'ai surtout conçu comme une sorte de compte rendu de mon expérience togolaise que j'ai voulu partager avec tous les Bretons qui m'ont aidé dans cette aventure. J'ai voulu leur expliquer les difficultés que j'ai rencontrées. Ce que j'ai vu au Togo n'est pas spécifique à ce pays. C'est l'ensemble du continent qui souffre de la violence, de l'absence d'alternance et de démocratie. Et les dirigeants africains ne font rien ! C'est pour cela que j'ai poussé un « coup de gueule » après le naufrage de Lampédusa : que disent les dirigeants africains, ceux qui privent leurs compatriotes de tout espoir de liberté, de manger à leur faim, de boire à leur soif, de parler et qui les ont condamnés à mourir ou à mourir? Où sont-ils ? Dans leurs palais climatisés ! Que disent-ils ? Rien !
Cap Finistère : Qui est responsable de la situation que tu décris ?
Kofi Yamgnane : D'abord les dirigeants africains qui n'acceptent pas l'alternance et la démocratie et sont prêts à tout pour bâillonner l'opposition. Mais il faut aussi mettre en cause les entreprises européennes qui exploitent les richesses sans participer au développement. Je pense que Bolloré, qui possède quasiment tous les ports de la côte Ouest, pourrait plus soutenir des projets d'éducation dans les pays où il est implanté. Enfin, il faut que les citoyens européens demandent des comptes à leurs dirigeants en matière de coopération : l'Union Européenne a donné 17 millions d'euros au Togo pour les dernières élections où la fraude a été massive.
Cap Finistère : Tu dresses un tableau bien sombre de la situation l'Afrique.
Kofi Yamgnane : Oui, parce que c'est la réalité. Mais j'adresse aussi un message d'espoir. L'Afrique connait une croissance démographique très soutenue. D'ici quelques années, le Nigeria sera plus peuplé que les États-Unis. Le développement de l'Afrique profitera à tout le monde.
Cap Finistère : Vas-tu continuer ton action politique au Togo ?
Kofi Yamgnane : Oui, je serai au Togo en 2015. Je ne peux pas m'arrêter là. J'ai mis beaucoup de monde en danger. Ils sont sous la menace du pouvoir. Mais je ne peux pas abandonner ceux qui ont placé leurs espoirs en moi. Je ne suis pas un héros et je connais les risques que je prend mais je veux aider le peuple togolais.
Jean-Yves Cabon , Cap Finistère, l'hebdo des socialistes(semaine du 21 au 27 octobre 2013