vendredi 30 octobre 2015

HOLLANDE : LA GUERRE OUI ! L'ÉTHIQUE ???




L'élection présidentielle togolaise a eu lieu le 25 avril. Le Président en place, Faure Gnassingbé est à nouveau candidat pour un troisième mandat. L'opposition a beau réclamé des réformes pour limiter le nombre de mandats présidentiels à deux ainsi qu'un scrutin à deux tours, comme le prévoyait l'Accord Politique Global de 2006 signé à Ouagadougou, rien n'y a fait. Faure Gnassingbé fait la sourde oreille et Hollande détourne le regard.
À l'issue du scrutin, le 28 avril 2015 au soir, alors que la Commission Électorale Nationale Indépendante(CENI) n'a fait le décompte que de 14 circonscriptions électorales sur un total de 42, le président de la CENI, issu du parti au pouvoir et nommé par lui, proclame en direct à la télévision nationale la victoire du sortant. Mais le vice-président de la CENI, issu de l'opposition, déboule dans le studio et, sous les yeux ébahis de millions de téléspectateurs, interpelle le président en lui demandant d'où il sortait les chiffres qu'il est en train de donner. Coupure d'antenne, coupure d'électricité, neutralisation du vice-président et réapparition du président de la CENI qui termine sa proclamation.
Le général malien Siaka Sangaré, qui dirige la mission d'observation de l'Organisation Internationale de la Francophonie(OIF), proteste quelques minutes puis se réfugie dans le silence...
Les ambassadeurs de France, d'Allemagne, des États-Unis et de l'Union Européenne, membres du Comité ad hoc de suivi technique du scrutin, se taisent eux aussi... Au Togo, pays à « la démocratie apaisée », comme le dit si bien le mercenaire français, Conseiller spécial du président Gnassingbé, tout ne s'achète-t-il pas avec l'argent ?
Le président togolais est donc officiellement réélu pour 5 ans, avec 58.75% des voix, dès le premier tour, SVP ! Et ce résultat est validé par toutes les organisations internationales ( ONU, UA, UE, CEDEAO, OIF...)...et par Hollande qui a ainsi bafoué l'éthique républicaine !
Le risque de ce manque de courage en Afrique est très grand désormais : lorsque leurs aspirations républicaines viendront à s’éclore, tous ces Peuples se détourneront de de la France.

Que personne ne vienne alors nous dire : on ne savait pas !

lundi 26 octobre 2015

LETTRE À UN SOCIALISTE

Lettre à un socialiste
Président de la République française
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François Hollande, il ne faut pas exagérer l’oubli de la démocratie et de la République lorsqu’il s’agit des Peuples africains.

Voilà qui est fait, le référendum au Congo. Dire OUI ou NON à l’illégalité du changement constitutionnel n’est pas un choix démocratique ni une valeur républicaine. C’est du « Tintin au Congo » : un référendum purement caricatural de la démocratie. Vous-même n’oserez jamais commettre ce forfait en France où des institutions, fortes, permettent la vitalité de l’alternance politique.

Déjà, votre position n’était pas claire face à Blaise Compaoré, lorsqu’il tentait la modification constitutionnelle pour se maintenir au pouvoir au Burkina Faso. À Blaise Compaoré, vous promettiez la présidence de l’Organisation Internationale de la Francophonie comme lieu de poursuite extensive de ses forfaitures liberticides. Heureusement, le Peuple du Burkina Faso a su persister et clore ce débat en temps et lieu, au prix d’énormes sacrifices et en résistant à toutes les simplifications externes.

Entre temps, vous avez fait de la Francophonie la poursuite de la Françafrique par d’autres moyens. Puisqu’on a vu cette Francophonie à l’œuvre dans les élections présidentielles au Togo : apparaître neutre et disparaître pleutre. Faure Gnassingbé est au comble de l’illégitimité d’un troisième mandat enfanté d’une Constitution déjà suppliciée par son père, et plusieurs fois violée nuitamment par lui-même à la mort de son géniteur; cette année même la Francophonie a agi au Togo au nom de la Françafrique, et le résultat est très peu reluisant.

Mais une certaine France ne peut pas toujours traiter son infirmité démocratique en Afrique francophone en confondant toutes les nuances des pouvoirs confiscatoires qui s’y déroulent. Togo hier, Congo aujourd’hui, Cameroun, Gabon et quel autre pays demain? Il ne faut pas exagérer l’oubli de la volonté de tous ces Peuples africains à vouloir obstinément se soustraire du totalitarisme de leur dirigeant. Cessez de toujours appuyer là où ça fait mal à l’Afrique et aux Africains. Ne prolongez pas « Les heures verticales » de toutes ces populations africaines restées debout, si longtemps desséchées et épuisées de démocratures, depuis ce qu’elles pensaient être « Les soleils des indépendances » de leurs pays.

L’éthique républicaine et même l’intérêt visionnaire réel de la France, tout ceci commande des positionnements braves, lucides et solidaires aux côtés des volontés populaires africaines où qu’elles s’expriment. Le risque de vos atermoiements démocratiques en Afrique est très grand désormais : le détournement de tous ces Peuples de la France, lorsque leurs aspirations républicaines viendront à s’éclore, abreuvées de leur seul sang et loin de tout soutien salutaire.

Aux commandes de la France, il faut savoir résolument choisir entre les amitiés intéressées du moment et les solidarités durablement investies. « L’oubli de soi-même, bien compris, s’appelle abnégation; mal compris, il s’appelle abrutissement. Socialistes, songez-y! »; c’est ce que disait déjà l’immense et agile Victor Hugo, et il est grand temps que cela soit entendu et appliqué, sereinement, par rien de moins qu’un chef d’État français.

Après l’illégitimité du troisième mandat présidentiel au Togo et l’illégalité du référendum constitutionnel au Congo, « rassembler » et « apaiser » -comme vous le prescrivez aux usurpateurs, ne participent pas de l’ambition des Peuples africains; c’est plutôt la devise grossièrement forgée, du frelaté « Kpayo », du « Boudè », le slogan « coupé-décalé » des dirigeants mal élus de l’Afrique francophone auquel vous contribuez à donner audible caution et forte bénédiction. Ils s’en réjouissent. C’est vous-même qu’ils avilissent dans leurs pas de danse et leurs conversations carnavalesques empreintes de la démesure. C’est la France qui perd sur tous les plans.

François Hollande, n’ôtez pas aux Peuples africains la dignité qu’ils n’ont jamais laissée en marchandage; n’adhérez pas au syndicat des chefs d’État africains francophones, vieux et jeunes, qui n’ont d’avenir que dans le futur antérieur. L’Afrique n’a pas besoin de dirigeants forts se maintenant au pouvoir par des répressions; elle a besoin d’institutions fortes et respectées, reconnaît votre collègue des États-Unis… un Africain. L’espoir est donc permis dans cette universelle civilisation à laquelle l’Afrique et les Africains contribuent fortement, de tout temps, et de partout, même à partir de la France. Prenez garde à cet étrange renoncement aux glorieux fardeaux de votre propre parole délivrée publiquement à Dakar, en terre africaine. La France peut tenir parole. La France doit tenir parole. Comme on fait son mandat présidentiel, on le quitte : lumière ou ombre. Pour la France, l’Afrique et les Africains comptent-ils bien plus que leurs dirigeants de l’heure, réfractaires à la démocratie? Songez-y un moment! Surtout, ne vous trompez pas de solidarité, Monsieur le Président de la République française.
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Pierre S. Adjété
Président, Alliance Togolaise Internationale (ATI)
Québec, Canada.

samedi 10 octobre 2015

lundi 5 octobre 2015

"L'INVESTISSEMENT DE LA DIASPORA TOGOLAISE DANS L'ECONOMIE DU TOGO".



1/- Que doit ou peut faire le gouvernement togolais pour hâter/inciter la diaspora togolaise à davantage investir dans l'économie togolaise?
Kofi Yamgnane(K.Y.) : Le tout premier geste à faire par le gouvernement togolais, c'est de reconnaître comme citoyens à part entière les Togolais de l'extérieur : droit de vote et droit d'éligibilité. De toute l'Afrique, le Togo est le seul pays dont certains citoyens, parce qu'ils vivent à l'étranger(par obligation ou par choix), n'ont aucun droit politique.

2/- Très concrètement, d'un point de vue législatif et administratif (lourdeurs administratives), quelles mesures peuvent prendre les autorités togolaises pour s'attirer les faveurs financières de ces Togolais de cette diaspora riche et diversifiée?
Kofi Yamgnane(K.Y.) : Du seul point de vue théorique, le Togo dispose de l'arsenal législatif et administratif nécessaire et suffisant pour attirer tous les investisseurs du monde. Donc le problème n'est pas là. Le problème, c'est la corruption qui gangrène notre pays : aucun investisseur ne peut avoir raison face à l'administration et donc ne bénéficie d'aucune protection juridique, cela est peu propice au désir d'investissement ; si le budget de notre pays n'est exécuté qu'à hauteur de 20% à 50% selon les secteurs, c'est bien parce que ministres et fonctionnaires d'autorité attendent leur bakchich avant tout engagement ; les services des douanes, de police, de gendarmerie...etc, sont des purs repoussoirs à investisseurs...
Que le gouvernement mette fin à tout cela et non seulement la diaspora, mais aussi d'autres investisseurs viendront au Togo comme ils sont au Ghana et au Botswana, par exemple.


3/- En tant que membre de cette diaspora ou spécialiste des questions économiques, à vos yeux, vers quels secteurs prioritaires porteurs de croissance doit se tourner cette diaspora, si elle veut investir au Togo?
Kofi Yamgnane(K.Y.) : Lorsque l'ensemble des obstacles présentés ci-dessus sera levé, la diaspora connaît les priorités de notre pays : d'abord l'agriculture et l'agroalimentaire afin que plus aucun Togolais ne meure de faim ; ensuite l'économie numérique qui est le secteur d'avenir dans l'économie mondiale de demain et où le Togo se doit d'être présent. Voilà, pour moi, les 2 secteurs prioritaires porteurs de croissance.


Propos recueillis par Edem Gagbadekou

AFRIQUE, DÉMOCRATIE INTROUVABLE...


Pour parler à mes interlocuteurs non-Africains de l'Afrique, continent où le mot démocratie ne revêt aucun sens pour aucun dirigeant(ou presque), j'ai pris l'exemple de mon pays de naissance, le Togo. Le Togo est dirigé depuis 50 ans par la même famille, un régime féodal avec ses prébendes, ses guerriers, ses milices, ses conseillers occultes en col blanc, ses grands prêtres, ses serfs et ses esclaves…le Togo auquel la communauté internationale ne demande que de faire le moins de bruit possible.
Au-delà du cas du Togo, j'ai beaucoup voyagé en Afrique et multiplié les contacts avec les forces politiques du continent, et je connais les difficultés que rencontrent la plupart des peuples africains, de l’Egypte à la Tunisie; de la Libye à la Côte d’Ivoire; du Zimbabwe au Gabon… un demi-siècle après la décolonisation, pour faire valoir le gouvernement du peuple par le peuple: une démocratie conforme aux civilisations et cultures africaines.
Nous voici en 2015. Les États africains ont fêté le cinquantenaire de leur accession à la souveraineté en 2010, c'est-à-dire cinquante ans après la fin officielle de la colonisation. Le bilan de l’Afrique indépendante et souveraine est maigre: remise au pas autoritaire par-ci, multipartisme de forme par là; ailleurs, maigres avancées au demeurant réversibles; et à peu près partout, niveaux très élevés de violence sociale, voire situations de conflit larvé ou de guerre ouverte, sur fond d’une économie d’extraction qui continue de faire la part belle à la prédation. Et comme pour confirmer que l’horizon de la démocratie est bouché, 82 coups d’état en 50 ans sont venus baliser le chemin de l’échec…Quelle histoire!
Dans tous les cas, les Africains ne sont toujours pas «autorisés» à se choisir librement leurs dirigeants. Presque tous les pays sont toujours à la merci de satrapes dont l’unique objectif est de rester au pouvoir, à vie, quoi qu’il arrive. Dès lors, la plupart des élections sont truquées. Pour donner le change aux bailleurs de fonds étrangers, ceux qui paient y compris même l’organisation des «scrutins», on accepte de sacrifier aux aspects procéduraux les plus élémentaires de la concurrence, mais on garde le contrôle sur les principaux leviers de la bureaucratie, de l’économie et surtout de l’armée, de la police et des milices. Je dois à la vérité de faire l’amer constat que la possibilité de renverser ce genre de gouvernement par la voie des urnes n’existe pratiquement pas. Alors que reste-t-il sinon l’assassinat, la rébellion ou le soulèvement armé pour contredire le principe de la continuation indéfinie au pouvoir? Globalement, les choses sont donc plutôt bloquées et on peut dire que, les manipulations électorales et les successions de père en fils aidant, on a à faire à des roitelets inamovibles.
Quitte à détruire l'État, l’économie et les institutions, cette classe dirigeante est prête à tout pour conserver le pouvoir, la politique n’étant d’ailleurs à ses yeux qu’une manière de conduire la guerre civile ou la guerre ethnique par d’autres moyens.
C’est sur ce terreau que naît et croît la culture de la corruption et du racket, de l’émeute sanglante gratuite, car sans lendemain et qui peut facilement tourner à la guerre de pillage.
Qui a dit : « ...l'Afrique noire est mal partie... » ?