Bonsoir
Kofi, Bonsoir ami, Bonsoir frère,
Non
ce n'est pas de l'apitoiement, c'est autre chose : de la colère?
De la
constatation? De l'impuissance, ou quelque chose
de plus profond?
En
1974, comme énormément de jeunes à cette époque-là,
j'ai pris la route,
comme on disait en ce temps. Pendant 4 longues
années, j'ai parcouru la terre à
la recherche de cet
autre ailleurs, celui que l'on ne trouve jamais, celui qui
n’existe pas. Évitant les grandes villes, pieuvres
géantes aux tentacules mortelles,
parcourant les pays que je
traversais de village en village, partout je fus accueilli
comme
un ami, un frère. J'étais aussi pauvre qu'eux, ne possédant en
tout et
pour tout et pour toute richesse que mon vieux sac à dos,
une maigre guitare et
ma dégaine dégingandée. Souvenirs
inoubliables que toutes ces rencontres...
Plus
tard, j'ai connu la même misère dans ma profession
d'éducateur face à des
êtres humains qui, pour beaucoup
n'ont d'humain que leur nom de baptême. Plus
tard quand je me
suis décidé à découvrir les grandes villes du
monde, je n'y ai
trouvé qu’indifférence et solitude des
grandes métropoles, même parmi nos
compatriotes Français.
Le seul réconfort que j'ai trouvé à New-York,
à Sydney ou
encore à Mexico, c'est dans les
communautés bretonnes, tout comme vous-même
vous l'avez trouvé en
terre de PEN AR BED. Tout au long de ma vie, j’ai découvert
des
situations tellement tragiques, tellement insoutenables et j'en ai
encore sous
mes yeux tous les jours, les sans papiers traqués, les
Roms mis au rebut d'une
société dite civilisée, les sans
abris de plus en plus nombreux, les personnes
âgées fouillant
dans les poubelles pour trouver un peu de nourriture ou achetant
des
boîtes de pâté pour chiens… il y a encore tellement
d'exemples que je
n'aurais pas assez de temps devant moi pour tous
les mettre au grand jour,
comme ces enfants en Côte d'Ivoire,
esclaves dans les plantations de cacao… et
l'on retrouve dans les
gondoles de nos grands magasins des tablettes de chocolat
venant de
Côte d'Ivoire, vendues sous l'étiquette "COMMERCE ÉQUITABLE" !
Pour
qui est-il ÉQUITABLE ce commerce? Sûrement pas pour
ces enfants esclaves !
Mais
tout cela, vous le savez comme moi, mieux que moi ! Il est grand
temps que
les hommes ouvrent enfin les yeux et ce que vous faites
pour le Togo, votre pays
d'origine, est noble et beau. Je
l'ai fait moi aussi un temps pour la Bretagne dans
d'autres
conditions, d'autres luttes... alors je comprends ce que vous
ressentez
par rapport à la diaspora togolaise, son indifférence et
son égoïsme devant ce
que vous entreprenez. J'ai ressenti
la même indifférence de la part de la diaspora
française à cette époque et pourtant s'ils savaient comme ce Pays
est beau et
généreux !
Je
terminerai par cette phrase d'une chanson de GLENMOR :
"Passant,
demeure ici...
Étranger,
amarre ici ta galère...
La
joie reviendra à la table d’hôte...
Passant,
demeure ici par simple amitié… »
Oui
ce n'est plus de l'apitoiement, ce
serait plutôt de l’incompréhension.
À bientôt.
Continuez votre lutte. Bon courage et surtout gardons toujours en
nous
l'espoir, avec les rêves, les pensées… ce sont
des choses que personne ne peut
nous prendre, nous voler ou nous
faire payer des impôts dessus.
KARENTEZ
Phil
Youenn