lundi 28 mars 2016

TÉMOIGNAGE BRETON...

Bonsoir Kofi, Bonsoir ami, Bonsoir frère,

Non ce n'est pas de l'apitoiement, c'est autre chose : de la colère? De la

constatation? De l'impuissance, ou quelque chose de plus profond?

En 1974, comme énormément de jeunes à cette époque-là, j'ai pris la route, 

comme on disait en ce temps. Pendant 4 longues années, j'ai parcouru la terre à 

la recherche de cet autre ailleurs, celui que l'on ne trouve jamais, celui qui 

n’existe pas. Évitant les grandes villes, pieuvres géantes aux tentacules mortelles, 

parcourant les pays que je traversais de village en village, partout je fus accueilli 

comme un ami, un frère. J'étais aussi pauvre qu'eux, ne possédant en tout et 

pour tout et pour toute richesse que mon vieux sac à dos, une maigre guitare et 

ma dégaine dégingandée. Souvenirs inoubliables que toutes ces rencontres...

Plus tard, j'ai connu la même misère dans ma profession d'éducateur face à des 

êtres humains qui, pour beaucoup n'ont d'humain que leur nom de baptême. Plus 

tard quand je me suis décidé à découvrir les grandes villes du monde, je n'y ai 

trouvé qu’indifférence et solitude des grandes métropoles, même parmi nos 

compatriotes Français. Le seul réconfort que j'ai trouvé à  New-York, à Sydney ou 

encore à Mexico, c'est dans les communautés bretonnes, tout comme vous-même 

vous l'avez trouvé en terre de PEN AR BED. Tout au long de ma vie, j’ai découvert 

des situations tellement tragiques, tellement insoutenables et j'en ai encore sous 

mes yeux tous les jours, les sans papiers traqués, les Roms mis au rebut d'une 

société dite civilisée, les sans abris de plus en plus nombreux, les personnes 

âgées fouillant dans les poubelles pour trouver un peu de nourriture ou achetant 

des boîtes de pâté pour chiens… il y a encore tellement d'exemples que je 

n'aurais pas assez de temps devant moi pour tous les mettre au grand jour, 

comme ces enfants en Côte d'Ivoire, esclaves dans les plantations de cacao… et 

l'on retrouve dans les gondoles de nos grands magasins des tablettes de chocolat 

venant de Côte d'Ivoire, vendues sous l'étiquette "COMMERCE ÉQUITABLE" ! Pour 

qui est-il  ÉQUITABLE ce commerce? Sûrement pas pour ces enfants esclaves !


Mais tout cela, vous le savez comme moi, mieux que moi ! Il est grand temps que 

les hommes ouvrent enfin les yeux et ce que vous faites pour le Togo, votre pays 

d'origine, est noble et beau. Je l'ai fait moi aussi un temps pour la Bretagne dans 

d'autres conditions, d'autres luttes... alors je comprends ce que vous ressentez 

par rapport à la diaspora togolaise, son indifférence et son égoïsme devant ce 

que vous entreprenez. J'ai ressenti la même indifférence de la part de la diaspora 

française à cette époque et pourtant s'ils savaient comme ce Pays est beau et 

généreux !

Je terminerai par cette phrase d'une chanson de GLENMOR :

"Passant, demeure ici...

Étranger, amarre ici ta galère...

La joie reviendra à la table d’hôte...

Passant, demeure ici par simple amitié… »


Oui ce n'est plus de l'apitoiement, ce serait plutôt de l’incompréhension. 

À bientôt. Continuez votre lutte. Bon courage et surtout gardons toujours en nous 

l'espoir, avec les rêves, les pensées… ce sont des choses que personne ne peut 

nous prendre, nous voler ou nous faire payer des impôts dessus.

KARENTEZ


Phil Youenn

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