mercredi 30 décembre 2015

Renforcer l'égalité républicaine contre la haine


Voici un gouvernement socialiste, donc républicain et de gauche, qui voudrait mettre un point final à une des valeurs fondamentales de la République française de 1792, héritée de la Déclaration des droits de l'homme de 1789 : l'égalité de tous les citoyens français devant la loi !
Ainsi donc apparaîtraient, pour la première fois depuis plus de deux siècles, deux types de citoyens français : les F1, nés Français et restés uniquement Français et les F2, nés Français mais possédant une autre nationalité !
Nous sommes tous d'accord pour constater que notre pays connaît de très grandes difficultés : la désespérance sociale est à son comble et nos gouvernants ne réussissent toujours pas à trouver des solutions. Ce n'est pas pour rien que le FN caracole en tête des scrutins successifs. Est-ce une raison suffisante pour créer diversion en annonçant vouloir abandonner nos valeurs ?
Nous sommes tous d'accord pour constater que notre ennemi a l'initiative : il frappe là où il veut, au moment où il veut, à l'endroit qu'il veut et de la façon qu'il a décidé de le faire. Là où il est dans l'action, nous ne pouvons être que dans la réaction. Est-ce une raison suffisante pour s'affoler et ainsi lui fournir des occasions de se renforcer ?
La droite française qui s'autoproclame « Les Républicains », faute d'agir, est dans l'agitation et propose donc n'importe quoi. Pourquoi devrions-nous sombrer dans un suivisme par lequel nous perdrions jusqu'à notre identité ?
Ce projet de modification de la Constitution nous ferait perdre notre âme sans rien nous apporter dans notre quête du dialogue et de la paix sociale. Pour au moins quatre raisons, je m'associe aux militants socialistes pour demander au gouvernement de renoncer à son projet :
  • aux yeux du monde, il dénaturerait profondément la physionomie de la République française
  • en interne, il serait coupable d'avoir pris le risque de faire exploser la société française
  • mesure symbolique, nous dit-on, mais un symbole ridicule tellement il est inefficace ! En effet, qui peut croire un seul instant qu'un jeune Français converti à l'islam et fanatisé par quelque barbu avide du sang d'autrui, renonce, le moment venu, à son acte de terreur par crainte de perdre la nationalité française ?
  • enfin électoralement, non seulement cette mesure ne détournerait pas une seule voix des électeurs de droite, mais encore elle nous en enlèverait beaucoup du peu qui nous reste à gauche.
Où est donc l'intérêt de ce projet d'extension de déchéance de la nationalité inscrit dans la Constitution de la République française ?

Défendre la liberté, renforcer l'égalité et promouvoir la fraternité, c'est faire reculer la haine et faire gagner la République.

lundi 7 décembre 2015

NOUVELLES DE MANGO(TOGO)

Mango‬ enterre encore une victime de la faune
Omorou Boukari, un homme agé d'une cinquantaine d'années, est décédé hier 6 Décembre des suites des violences subies lors de la répression des manifestants par les forces de sécurité et de défense. C'est la 8e perte en vie humaine du projet de réhabilitation de la faune dans l'OTI.
Il a été enterré ce matin comme un martyr, le cercueil couvert du drapeau togolais...
... et le plus grand nombre de jeunes de Mango se sont enfuis vers le Ghana...voilà comment est préparé l'avenir du pays...
Quelle honte!


lundi 30 novembre 2015

FAURE GNASSINGBÉ, vous n'avez pas la compétence, ayez au moins PITIÉ!

Monsieur le Président,
Pour faire bonne figure à la COP21 de Paris, vous décidez autoritairement, sans aucune information, sans aucune négociation, de confisquer aux petits paysans 179 000 ha de terres dont ils vivent déjà très difficilement, pour en faire un Parc naturel national. Lorsqu'ils viennent demander des explications à vos représentants locaux, ils sont reçus par la troupe dépêchée du camp militaire de Niouprouma. Les 6 et 7 novembre 2015, on relèvera 5 morts chez les paysans, 2 morts chez les militaires. On déplorera 2 « disparus » et plusieurs paysans seront faits prisonniers. Vous reconnaissez du bout de la langue 5 morts « officiels ». La révolte s'installe et gronde dans cette Région des Savanes qui vous a pourtant « élu » à 120% des voix des 137% d'inscrits ! Insouciante inconscience ou cruel cynisme ?
Quelques jours plus tard, le 26 novembre, les paysans descendent à nouveau à Mango pour demander la libération des leurs pairs emprisonnés sans raison, sans jugement... La troupe charge à nouveau mais doit reculer devant la détermination des paysans. Le Commissaire de police est rattrapé et lynché sur place. La révolte s'intensifie. La région est à feu et à sang. Les messages que je reçois sont sans ambiguïté : « ...aujourd'hui(27/11) des groupes de militaires ont envahi la ville de Mango. Les habitants sont gazés dans leurs maisons, arrêtés, tabassés, embarqués... ». « ..mais nous n'avons plus peur ; nous répondrons à leur violence par notre détermination ! Oui ça suffit comme ça !... ». Qu'importe, vous vous envolez pour aller parader à Paris... Insouciante inconscience ou cruel cynisme ?

Monsieur le Président,
Depuis votre prise du pouvoir, vous dirigez mon pays avec une violence aveugle. Votre accès à la Magistrature suprême est un malentendu dramatique historique : le mensonge, la manipulation, la violence, le viol, le vol, l'injustice, la concussion, la corruption... sont quelques-uns des maux qui caractérisent votre gouvernance. Et cela dure depuis plus de 10 ans. Le pays n'en peut plus. Jusqu'à ceux qui vous ont posé sur le siège(militaires et civils) ne vous reconnaissent plus...et « s'en mordent les doigts »... mais qu'importe, en parfait autiste, vous voulez jouir du pouvoir, quant au reste... Insouciante inconscience ou cruel cynisme ?

Monsieur le Président,
Que sont devenus vos slogans de campagne par lesquels, en 2005, vous avez promis « monts et merveilles » aux Togolais ? « Un Président jeune pour un Togo moderne », « Les 22 plus de Faure », « Plus haut, plus loin, plus Faure », « Du Sud au Nord, c 'est Faure »...des mensonges, du vent ! Aucun Togolais n'a rien vu venir sauf bien sûr... vos dizaines de maîtresses qui toutes « pètent toutes plus haut que leurs culs » ! Après tout n'est-ce pas ce qui seul vous intéresse et vous préoccupe ? ...Insouciante inconscience ou cruel cynisme ?

Monsieur le Président,
Non, vous n'êtes pas à la hauteur de la tâche. Vous naviguez à vue et vous dirigez -ou plutôt vous laissez diriger- un pays exsangue et un peuple qui crie AU SECOURS !
Vous n'avez pas la compétence, ayez au moins pitié !

Lâchez ! Partez ! Dégagez ! Et le plus tôt sera le mieux !

vendredi 20 novembre 2015

LA COP 21 DE PARIS FAIT SES CINQ PREMIÈRES VICTIMES À MANGO(TOGO)



Comment le Togo mystifie le monde occidental, l'Europe et la France...
50 des 55 pays d’Afrique font partie des pays les plus vulnérables au réchauffement climatique. Et pourtant ils n'émettent que 4,55 % de gaz à effet de serre du monde.
L’Afrique a choisi, ou plutôt n’a pas choisi, d’assurer son développement sélectif, c’est-à-dire ne pas laisser de côté les catégories les plus faibles et les plus pauvres de sa population en ne prenant aucun compte des conséquences du réchauffement et des dérèglements climatiques dont ces catégories sont les victimes tout désignées. Est-il encore possible aujourd'hui de traiter séparément la pauvreté, les migrations et les formes de corruption ou d’expropriation des populations sous le couvert de la création, la protection ou l’extension de zones protégées pour les animaux ?
C'est pourtant exactement ce que le gouvernement togolais a choisi de faire en ce moment dans le Nord du pays, à Mango. Après avoir abandonné son Parc national depuis 30 ans, le gouvernement togolais vient de décider brusquement de le réhabiliter en vue de faire bonne figure à Paris lors de la COP21.
L’objectif recherché par Faure Gnassingbé, qui ne se soucie guère de l'environnement de son pays, est de passer pour un climato-actif ou un climato-optimiste puisque les médias français « dénonceraient » les climato-sceptiques qui craignent du coup les sanctions de la part de leur « tuteur économique ».
Ce genre de bluff a déjà fonctionné concernant le Mali où il a envoyé quelques soldats togolais en soutien à la France dans sa guerre contre les « barbus » en échange d'un silence coupable de la France sur les élections présidentielles de 2015 purement et simplement volées ! Les autorités officielles françaises vont-elles encore se faire rouler dans la farine de maïs lors de la COP 21, comme ils l'ont été lors du conflit du Mali ? Aussi, je les ai invitées à aller regarder sur les réseaux sociaux les photos insoutenables des massacres de Mango où le zèle du système Faure Gnassingbé pour protéger la faune est inversement proportionnel à son souci d’améliorer le bien-être des populations...
Pourtant les populations, qui ont toujours vécu en harmonie avec leur environnement qu'elles vénèrent(forêts et rivières sacrées, animaux-totem à protéger, espaces interdits...etc.), ont pris de nombreuses initiatives de protection et de développement durable. Wangari Muta Maathai, une femme africaine militante du Kenya à qui a été attribué le prix Nobel, en est un exemple vivifiant, elle qui a consacré sa vie à sauver son environnement en plantant et en faisant planter des millions d'arbres… Autour de Mango, les Wangari Muta Maathai sont légion.
En réalité, les efforts pour protéger l’environnement passent par une régulation du foncier en Afrique, notamment la lutte contre l’accaparement des terres en communauté de biens par des multinationales sans vergogne et par un Etat comprador dont les élites arrivistes témoignent d’une arrogance indescriptible vis-à-vis des « gens simples » en envoyant des militaires-miliciens tirer sur toute forme de volonté de défendre un espace vital pour des villages entiers. Sur ce terrain, ce sont des expropriations sans compensations que subissent les populations sur le terrain, que ce soit pour faire des routes ou pour protéger la faune comme à Mango au Nord du Togo où il y a eu au moins 5 morts, 55 blessés et 2 disparus. Le problème de fond reste celui de l’accaparement de 179 000 ha de terres de 38 villages forcés par le Gouvernement à être déplacés, sans même savoir où aller.
Mais l’argument fallacieux utilisé par celui qui dirige le Togo, Faure Gnassingbé, ne devrait pas tromper cette fois-ci le Président français, François Hollande. En effet, l’Etat togolais, sans aucune information préalable des populations concernées, décide la réhabilitation manu-militari de la faune (zones dites protégées) autour de la ville de Mango au Nord du Togo où habitent les populations les plus pauvres du pays et sans défense, en éprouvant un besoin urgent d’annoncer à la COP 21 l’augmentation importante mais non planifiée et sans cohérence des aires protégées au Togo afin d’y faire bonne figure, en ignorant qu'il est essentiel de respecter l’humain d’abord, l’environnement suivra naturellement.
Le Gouvernement togolais tente donc de faire croire que les populations autochtones de Mango s’opposent à la mise en place de la protection de la « faune ». Encore lui faut-il, après les élections usurpées de 2015, reconnaître que les prédateurs ne peuvent être les populations qui vivent en symbiose avec leur faune, leur forêt ou leur savane dont ils tirent tout et qu’ils vénèrent …
Si les dirigeants africains pouvaient protéger et respecter d’abord les « humains » en acceptant l’autodétermination et l’alternance politiques, les 70 % des Africains vivant en zone rurale et les plus touchés par le réchauffement climatique auraient enfin la chance de choisir leurs représentants pour les défendre à la prochaine COP 22 qui gagnerait à être organisée en Afrique, peut-être là où il fait le plus chaud…

Éléphants blancs ou éléphants des Blancs ?
Environ 85 % de la population mondiale ont accès à l’énergie électrique. Mais plus de 65 % des Africains au sud du Sahara n’y ont pas accès(plus de 70 % au Togo). Sous la gestion dynastique de systèmes politiques clientélistes, comme on le voit au Burundi, au Cameroun, au Congo, en République Démocratique du Congo, en Guinée Equatoriale, au Tchad, au Togo... etc. (pour ne citer que ces pays), les nantis qui ont accès à l’énergie en Afrique n'imaginent pas le niveau de dépenses qu'ils imposent aux autres, la très grande masse, engagées dans la recherche de solutions alternatives(polluantes, et destructrices des forêts) ! De toute sa production d'énergie électrique, l'Afrique n'a pu comptabiliser seulement que 0,7% d’énergie renouvelable en 2012, contre 55% pour le charbon ! Quelle mouche a-t-elle donc piqué les dirigeants africains pour les « obliger » à « botter en touche » l’énergie gratuite qu’est l'énergie solaire ?
Et pourtant, sous le couvert « d'intérêts communs bien compris », les dirigeants africains viendront à Paris recommander la réalisation de projets grandioses, ces fameux éléphants blancs( les Africains disent éléphants des Blancs!), dont la population ne tire aucune amélioration de sa vie quotidienne, mais qui, par ces systèmes de ristournes, enrichissent toujours davantage Noirs et Blancs, corrompus et corrupteurs déguisés en agents du développement accéléré et de réducteurs de la pauvreté ! Il en a toujours été ainsi des nombreux projets énergétiques devenus de vrais « faux- projets» transposés par des Français tels Borloo qui s'entiche subitement de ces pauvres Africains ou bien des Chinois qui, pour construire leurs projets d'infrastructures, font tout venir de Chine, y compris leur main-d'oeuvre !

Les dirigeants africains face au réchauffement climatique
Alors, le réveil tardif des dirigeants africains pour prendre au sérieux l’écologie et la préservation de l’environnement devrait faire sourire, pour ne pas en pleurer. En effet, lorsque pendant plus de 50 ans de gouvernement « souverain », on n'a pas été capable de placer les intérêts des populations en tête des priorités, il est difficile de faire croire qu'on vient faire à Paris des propositions en faveur des peuples africains.
En réalité, seules les annonces de « compensations » pécuniaires font bouger un grand nombre de dirigeants africains. C'est la raison pour laquelle François Hollande, l’organisateur en chef de la Conférence des parties(COP 21 de Paris) ne doit pas se méprendre sur le sérieux de « l’engagement » de dirigeants africains, pour la plupart, illégitimes aux yeux mêmes de leurs peuples. Ce qu'ils espèrent avant tout, c'est des compensations « sonnantes et trébuchantes » ou bien en terme de postes pour recycler ceux qui ne décolèrent pas de n'avoir pas eu le loisir de changer leur constitution pour s’éterniser au pouvoir...
Ils sont incapables de comprendre pourquoi, d'une année sur l'autre, les pluies ne viennent plus en leur temps, pourquoi elles durent moins longtemps, et pourquoi la productivité des récoltes baisse, éloignant un peu plus l'objectif de l’autosuffisance alimentaire... Mais qu’importe ! Aux yeux des dirigeants africains, l'important est ailleurs : continuer à vivre dans des espaces climatisés dans leurs palais comme dans leurs voitures, leurs garages, leurs toilettes... Et ils ne consomment, pour la grande majorité, que les produits d'importation… aidés en cela, pour ce qui concerne les pays francophones, par un Franc dit de la Communauté Financière Africaine (ex-Franc des colonies françaises d’Afrique) qui leur impose, bien sûr, de préférer les produits français aux produits locaux…



Quand l'offre extérieure prend le pas sur la demande intérieure des Africains
Ils ont beau n'être qu'égocentriques, tous les dirigeants du monde savent que sans énergie, il n’y a pas de vie, encore moins de développement ou de mieux-être. Alors, le retard énergétique de l'Afrique ne ferait-il pas partie intégrale de la stratégie postcoloniale de démultiplication et d'approfondissement du retard généralisé de l’Afrique avec le maintien de dirigeants autocrates et parfois, sinon souvent, incompétents, ce qui fait l'affaire de ceux qui les tiennent en laisse ?
Avec l’entrée tonitruante de la Chine sur la scène africaine, le développement des infrastructures en Afrique est devenu une priorité africaine, souvent sans aucun souci ni pour l’environnement, ni pour les populations expropriées, chassées, déplacées sans concertation et sans indemnisation. De plus, cette soif d’infrastructures s'assouvit sans aucune cohérence, puisque plus de 75 % des routes de proximité sont négligées. Les dirigeants préfèrent se concentrer sur les grands projets d’infrastructure où la corruption peut s’opérer en toute impunité et avec des doubles contrats, l’un officiel sous-estimé, l’autre informel et surestimé. Mais là encore, l’apanage de la corruption n’est pas africain, ce d’autant que l’Afrique est une terre de liberté pour les désormais très nombreux opérateurs chinois indépendants de l’Etat chinois. Alors, n'est-il pas temps de faire un choix entre prioriser les infrastructures aux dépens des populations spoliées au niveau du foncier et de l’environnement et opter pour des infrastructures dont les populations ont besoin ? Ne faut-il pas déclarer que la priorité des priorités, c'est l'énergie électrique : construction de centrales, infrastructures transport et de distribution ?
C’est pourtant le choix stratégique de l’alignement sur les « offres » occidentales qui prévaut dans la tête de nombreux dirigeants africains. Face à la sous-performance logistique des quelques infrastructures routières réussies et en référence aux coupures intempestives du réseau wifi, du réseau électrique, de l'alimentation en eau potable, de l'assainissement... l’Afrique au sud du Sahara -et plus particulièrement l’Afrique francophone- reste la championne de l’hypocrisie dans l’engagement des efforts réels, nécessaires et concertés avec les populations pour la réduction du réchauffement climatique.
C'est pourquoi il y a quelque chose d'obscène chez Faure Gnassingbé lorsqu'il tente d’opposer l’urgence de faire des efforts en matière d’environnement au besoin d’investir dans l’énergie…



lundi 9 novembre 2015

TOGO: Réserve de chasse pour la France-Afrique...


...ou comment
Massacrer les humains pour protéger les animaux !
Le Togo avait créé dans les années 70/80, un Parc National de préservation de sa faune et de sa flore qu'il a ensuite abandonné dans les années 90. Déjà à l'époque, les populations avaient été brutalement expulsées de leurs terres et de leurs domiciles, sans relogement et même sans relocalisation...
35 ans après, brusquement et sans aucune concertation et même sans aucune information, comme s'il avait été piqué par une mouche, ce même gouvernement décide de confisquer 179 000 ha aux paysans de la Région des Savanes pour... « réhabiliter » le Parc qu'il avait lui-même décidé d'abandonner...
Devant la demande d'explication exprimée par les jeunes des villages concernés, regroupés dans une Association du nom de « One Bloc », le gouvernement envoie la troupe qui charge une manifestation pacifique les 6 et 7 novembre 2015: d'après le gouvernement, on relève 5 morts par balles, mais les sources locales en annoncent 9 dont 7 manifestants et 2 militaires ! Prétexte : l'association n'est pas reconnue ! Comme si l'on avait besoin d'une association reconnue pour manifester, alors que la Constitution togolaise garanti à chaque citoyen le droit de manifester ! Dans ce pays sans foi ni loi, on croit rêver !
En réaction à cette situation, une réunion de crise a été organisée samedi 7 novembre à la présidence de la République sous la direction du Président de la République, Monsieur Faure Gnassingbé soi-même. Décision prise : «...des sanctions disciplinaires seront prises à l’endroit des éléments des forces de l’ordre auteurs des dérapages...» ! Ouf ! Voilà une décision énergique !
Malheureusement les Togolais connaissent la chanson : après chaque tuerie perpétrée par les militaires, c'est la même décision, mais jamais elle n'est appliquée ! Aucun Togolais n'a jamais connu un coupable ni mis au courant d'aucune punition, ce qui n'est rien d'autre qu'un encouragement à recommencer, l'impunité étant la règle générale appliquée aux militaires.
L'exemple de la mort par balles en 2013 de Douti Sinalengue et Sinandare Gouyano Anselme, lycéens à Dapaong, est très révélateur du système d'impunité dont bénéficient les militaires togolais. Le Premier ministre de l'époque, Monsieur Arthème Séléagodji Ahoomey-Zunu avait alors déclaré sur RFI: «C’est une grosse bavure que nous sommes en train d’examiner. Des sanctions seront prises contre l'auteur du tir tendu qui a touché un élève ». Depuis, RIEN ! Le fameux Premier Ministre a rendu son tablier et les militaires meurtriers courent toujours sous le soleil...
Ce qui caractérise la dictature togolaise, c'est son incapacité à engager le dialogue avec ses propres citoyens. Parce qu'elle a le monopole des armes, elle pense béatement que tout problème avec les populations ne doit se régler que par l'intimidation et la violence des armes, le tout couronné par l'impunité garantie à ses militaires. Ce refus du dialogue appelle nécessairement la violence pour régler le moindre conflit. Il est totalement incompréhensible et inadmissible qu'un gouvernement ne puisse gouverner un pays entier pendant 50 ans qu'en ne naviguant qu'à vue : aucune anticipation, aucune vision, aucun projet discuté, amendé pour être compris et accepté ! Mais la force, toujours la force brutale et aveugle, comme dans un zoo d'animaux sauvages...
Monsieur Faure Gnassingbé, non, les Togolais ne sont pas des bêtes sauvages que vous pouvez ainsi ordonner d'abattre pour votre bon plaisir !
Monsieur Faure Gnassingbé, je vous appelle à davantage de modération, à davantage de conscience, à davantage de considération pour votre peuple, à moins de mépris pour les hommes et les femmes que vous prétendez gouverner, c'est-à-dire protéger, instruire, soigner...
Le mauvais souvenir de la gestion chaotique du premier Parc est toujours présent dans les mémoires...et puis désormais et depuis 2005, les relations du gouvernement et des populations ne sont pas seulement ternies par la méfiance, mais par une véritable défiance !
Relancer un projet de Parc en chassant les paysans de leurs terres pour les loisirs du Chef, de ses oligarques civils et militaires et de leurs amis de la France Afrique, relève clairement du mépris et de la morgue.
Monsieur Faure Gnassingbé, dans d'autres pays, ce que vous ordonnez à vos militaires de faire à votre peuple vous condamnerait à l'indignité nationale !
Dans ce contexte dramatique, mes premières pensées vont aux familles de tous ces jeunes Togolais assassinés sans raison.
Le Mouvement populaire et patriotique Sursaut-Togo, ses militants, ses sympathisants, ses amis ainsi que son président présentent leur compassion aux familles éplorées et les assurent de leur soutien et de leur solidarité dans le drame épouvantable qui les frappe.
Le Mouvement populaire et patriotique Sursaut-Togo assure tous les habitants de la Région des Savanes, région scandaleusement abandonnée à elle-même depuis 50 ans par le RPT, de leur soutien et les exhorte à rester unis et solidaires dans cette nouvelle épreuve.
Le Mouvement populaire et patriotique Sursaut-Togo appelle le régime de Monsieur Faure Gnassingbé à davantage de retenue car la violence qu'il a toujours utilisée pour se maintenir au pouvoir a fait assez de victimes depuis un demi-siècle de règne.
Monsieur Faure Gnassingbé, mettez fin à l'impunité en faisant toute la lumière autour de ce massacre et en punissant les coupables.
Le Mouvement populaire et patriotique Sursaut-Togo appelle l'opposition à prendre ses VRAIES responsabilités, et à prendre conscience de l'extrême importance de son UNITÉ. Devant l'Histoire, sa responsabilité n'a jamais été aussi engagée !

jeudi 5 novembre 2015

'Fabre a perdu toute crédibilité...


Kofi Yamgnane: 'Fabre a perdu toute crédibilité en capitulant exactement comme son mentor'

Kofi Yamgnane, le leader de Sursaut-Togo s’est fait le moins attendre depuis l’élection présidentielle d’avril 2015 à la suite de laquelle il s’est contenté de condamner un scrutin non démocratique et la démarche de Jean-Pierre Fabre qui a pris part à cette élection alors même que les réformes n’étaient pas faites.

À la suite du putsch raté de l’ex RSP au Burkina Faso en Septembre dernier, l’ancien ministre français avait préconisé au Togo l’expérimentation d’un régime de transition qu’il pourra diriger pour remettre le Togo sur les rails.


Dans un entretien exclusif qu’il a accordé ce jeudi à Togo Breaking News, M. Yamgnane revient sur l’actualité brûlante de l’heure avec le vote du nouveau code pénal qui repénalise le délit de presse, sur les réformes politiques, les élections locales et le dernier appel lancé par Jean-Pierre Fabre pour le rassemblement des forces démocratiques.

« Le scrutin présidentiel est passé depuis 8 mois et...comme vous voyez, tout cela est "passé à l'as" sans que plus personne ne soit choqué, ni les institutions religieuses représentées par Mgr Barrigah soi-même, ni la Communauté internationale représentée par ce fameux et fumeux Groupe des 5, ni surtout l'opposition togolaise qui, loin de s'atteler à une analyse sérieuse et intelligente de la vraie situation des Togolais, se fait volontairement balader et "n'y voit que du feu ". Peuple togolais, l'heure est venue de ne plus sous-traiter ni ton sort, ni ton avenir à personne, mais de te lever en masse pour t'en occuper toi-même ! Le peuple frère burkinabé ne t'a-t-il pas montré le chemin de la liberté ? », lance-t-il au peuple togolais.

Lisez l’intégralité de l’entretien.

Togo Breaking News : Le gouvernement togolais vient de faire voter par l’Assemblée nationale, un nouveau code pénal jugé moderne par les autorités. Mais le Code contient des dispositions qui donnent la latitude aux juges de mettre en prison les journalistes en cas de publication d’informations jugées fausses. Quelle est votre appréciation sur cet état de chose ?

Kofi YAMGNANE (K.Y.) : En effet, j'ai lu les informations et les commentaires concernant ce nouveau « code pénal moderne » dont le Togo s'est doté. À n'en pas douter, le régime de Faure Gnassingbé a peur de la presse togolaise et souhaite la maintenir en détention ou à tout le moins, « en résidence surveillée ».

Jusqu'à présent, la presse écrite pouvait être interdite sans justification (on connaît des exemples nombreux et Lawson Bonero mis aux arrêts venait d’être libéré) ; les radios pouvaient être fermées par la fameuse HAAC ou bien encerclées par la junte militaire ; les télévisions privées pouvaient être bâillonnées à tout moment ; l'internet et le téléphone fermés et même RFI interdite de diffusion...

Tous ces actes anti démocratiques pouvaient être constatés, répertoriés et signalés sur le plan international...ce qui n'était pas sans effet sur un pouvoir dictatorial qui veut nier jusqu'à son identité.

Aujourd'hui avec ce nouveau code, la « démocrature » togolaise veut clairement signifier à qui le veut qu'elle a « légalisé » le contrôle des médias et que donc elle fera désormais ce qu'il lui plaira pour les faire taire « légalement ».

Il faut en prendre acte et se battre pour que cela cesse ; que cessent les violences ; que finisse l'impunité ; qu'advienne une société de justice, de paix et de développement. N'est-ce pas là la quintessence même de notre combat, le combat des vrais démocrates, le combat des Justes ?

Togo Breaking News : Depuis l’élection présidentielle d’avril dernier qui s’est soldée par la réélection de Faure Gnassingbé, on constate que l’opposition togolaise n’arrive pas à taire ses divergences pour aller de l’avant. Que préconisez-vous pour l’unité de l’opposition ?

K. Y. : Question difficile et équation impossible ! Si j'avais su comment faire pour amener ce cartel des oppositions à l'unité, il y a longtemps que je l'aurais fait ! Mais je « m'y suis cassé les dents » comme bien d'autres avant moi ! Comme disent les Français : « … on n'oblige pas à boire un âne qui n'a pas soif ! »...et l'opposition togolaise ressemble fort à un âne qui n'a pas soif. Le cartel des oppositions fait mal au cœur partout dans le monde : il se satisfait de « grappiller » ici et là les miettes des prébendes du pouvoir dont celui-ci parsème son chemin. Ses responsables constituent aujourd'hui une véritable « classe », classe dominante étroitement associée à l’exercice du pouvoir ou prospérant sous sa protection ! N'est-ce pas la raison pour laquelle elle est prise à partie par la masse, en particulier sa frange militante, et subit par conséquent les prémices de la vengeance en période de troubles...C'est le temps de la défiance, en attendant celui de la révolte...interne.

Oui j'ai parfaitement identifié les raisons de ces divisions, mais pour y trouver un remède, encore faut-il que les protagonistes soient convaincus du diagnostic et soient prêts à en accepter la prescription ! Nous n'en sommes toujours pas là, après 25 ans de combat vain : nous en sommes même bien loin et plus le temps passe, et plus nous nous en éloignons !

Togo Breaking News : Jean-Pierre Fabre a lancé le 10 octobre dernier un appel au rassemblement des forces démocratiques. Que vous inspire cet appel ? Allez-vous vous joindre à M. Fabre et son groupe ?

K. Y. : Oui j'ai entendu l'appel du « leader de l'opposition parlementaire », ainsi promu par le pouvoir en place. M. Fabre excelle dans ce genre d'exercice où il croit pouvoir cacher ses vraies intentions : « ...suivez tous mon panache clair : en dehors de moi, point de salut... ». C'est ce qu'il faut lire entre les lignes de tous ses appels.

Son péché originel est d'avoir accepté de partir aux élections en reniant le combat pour les réformes indispensables à un scrutin juste et équilibré. C'est dans ce revirement de dernière minute qu'il a perdu toute crédibilité en capitulant ainsi en rase campagne exactement comme son mentor il y a 4 ans.

Il peut toujours continuer à lancer ses appels, j'ai bien peur qu'il soit devenu inaudible... exactement comme son mentor.

Togo Breaking News : La question des réformes constitutionnelles et institutionnelles et celle des élections locales sont oubliées depuis un temps par l’opposition. À votre avis, comment faire pour arracher et les réformes et les élections que réclament d’ailleurs les partenaires du Togo ?

K. Y. : Oui le vrai mot, c'est bien « arracher » car, par nature, une dictature ne partage pas le pouvoir : donc pour lui, pas question ni de porter des réformes ni d'organiser des élections locales, toutes choses qui l'obligeraient à accepter l'idée du partage du pouvoir ! Faure Gnassingbé ne fera jamais de lui-même ces réformes. Il faut l'y contraindre. C'est ce travail de conviction que je mène ici où je suis et auquel j'appelle les Togolais, tous les Togolais.

Un scrutin à 2 tours, la limitation du nombre de mandats présidentiels, la décentralisation pour une gouvernance de proximité...sont des éléments qui font partie intégrante d'un régime démocratique. C'est pourquoi tous les partenaires du Togo appellent ce pouvoir à mettre en oeuvre ces réformes et ce faisant, personne ne peut les accuser d'ingérence, comme Faure Gnassingbé tente de le faire croire.

Se battre pour cette cause, une fois de plus trahie par M. Fabre, est une obligation humaine pour tous les Togolais et pour chaque Togolais. Ce que d'autres peuples ont fait, nous devons être capables de le faire aussi : nous battre et mourir, s'il le faut, pour que demain les Togolais vivent mieux.

Togo Breaking News : Lors des derniers évènements qui ont secoué le Burkina Faso, vous avez indiqué dans une tribune que vous êtes prêt à conduire une transition au Togo. Le Togo peut-il connaître une transition alors qu’il y a un président élu ?

K. Y. : En effet, le président s'est autoproclamé élu pour un 3e mandat(!), mais il n'est pas reconnu par son peuple avec qui il n'entretient que des relations de défiance, occultées par une atmosphère de violence inouïe et de peur permanente. Depuis plus de 50 ans, le pouvoir politique et économique ainsi que celui des armes sont détenus par la même ethnie, pour ne pas dire le même village, la même famille. Dès lors, la vie politique togolaise est négativement marquée par une multitude d’exclusions, de conflits d’intérêts et de luttes intestines à connotation régionaliste, ethno-centriste, voire clanique, le tout aggravé par un antagonisme structurel croissant des classes sociales, symptomatique d’un mal-vivre explosif illustré par 2 constats :

les intérêts d’une infime minorité de riches et très riches contre ceux de l’écrasante majorité de pauvres, très pauvres ;

une structuration sociale dépourvue de classes moyennes pour faire tampon entre ces deux extrêmes et qui bloque toute idée d'évolution sociale.

Nier que la vie politique de notre pays s'est structurée autour de l’attente plus ou moins avouée d’une "revanche politique", c'est tenter de se cacher derrière son petit doigt ou alors jouer à l'autruche.

Or ce que je veux, moi, c'est absolument écarter du Togo le spectre rwandais : voilà ce qui rend incontournable une transition dont le rôle sera de réconcilier, rassembler, pacifier et « civiliser » les relations afin de mettre le pays sur les rails de cet incontournable changement démocratique tant attendu.

C'est parce que cette transition est indispensable et c'est parce que je m'en sens capable que je le dis.

Togo Breaking News : Si vous aviez un message à adresser aux Togolais, que leur diriez-vous...

K. Y. : Peuple togolais,

Selon moi, en accord avec le pouvoir togolais, l'opposition s'évertue à te cacher l'essentiel du combat politique à mener au Togo. Mais toi, tu connais ces questions sans réponse auxquelles, tous les jours, tu sacrifies tes enfants :

. la question de la sécurité des citoyens : pour quelle cause exacte Étienne Yakanou a-t-il été arrêté et torturé à mort en prison ?

. la question de la violence politique, de l'arbitraire et de l'impunité : pour quelle cause 2 jeunes lycéens sont-ils morts récemment à Dapaong ?

. la question du rôle de l'armée : pourquoi les yeux fermés, l'armée togolaise accepte-t-elle, depuis 50 ans, de tirer sur un peuple sans défense ?

. la question de la démocratie : libertés collectives et individuelles, limitation du nombre de mandats présidentiels, scrutins à 2 tours, décentralisation, reconnaissance de la citoyenneté à la diaspora(première Région du Togo, sans droit de vote, sans droit à l'éligibilité!), justice républicaine...

. la question de la gestion économique du pays et de la juste redistribution des ressources nationales

. la question du développement (école, santé, infrastructures, énergie, agriculture, pêche...) et surtout la question de la vision pour le Togo dans 30 ou 50 ans et enfin celle de la fin de la navigation à vue en cours depuis 50 ans.

Le scrutin présidentiel est passé depuis 8 mois et...comme vous voyez, tout cela est "passé à l'as" sans que plus personne ne soit choqué, ni les institutions religieuses représentées par Mgr Barrigah soi-même, ni la Communauté internationale représentée par ce fameux et fumeux Groupe des 5, ni surtout l'opposition togolaise qui, loin de s'atteler à une analyse sérieuse et intelligente de la vraie situation des Togolais, se fait volontairement balader et « n'y voit que du feu ».

Peuple togolais, l'heure est venue de ne plus sous-traiter ni ton sort, ni ton avenir à personne, mais de te lever en masse pour t'en occuper toi-même ! Le peuple frère burkinabé ne t'a-t-il pas montré le chemin de la liberté ?


Propos recueillis par D. A.

vendredi 30 octobre 2015

HOLLANDE : LA GUERRE OUI ! L'ÉTHIQUE ???




L'élection présidentielle togolaise a eu lieu le 25 avril. Le Président en place, Faure Gnassingbé est à nouveau candidat pour un troisième mandat. L'opposition a beau réclamé des réformes pour limiter le nombre de mandats présidentiels à deux ainsi qu'un scrutin à deux tours, comme le prévoyait l'Accord Politique Global de 2006 signé à Ouagadougou, rien n'y a fait. Faure Gnassingbé fait la sourde oreille et Hollande détourne le regard.
À l'issue du scrutin, le 28 avril 2015 au soir, alors que la Commission Électorale Nationale Indépendante(CENI) n'a fait le décompte que de 14 circonscriptions électorales sur un total de 42, le président de la CENI, issu du parti au pouvoir et nommé par lui, proclame en direct à la télévision nationale la victoire du sortant. Mais le vice-président de la CENI, issu de l'opposition, déboule dans le studio et, sous les yeux ébahis de millions de téléspectateurs, interpelle le président en lui demandant d'où il sortait les chiffres qu'il est en train de donner. Coupure d'antenne, coupure d'électricité, neutralisation du vice-président et réapparition du président de la CENI qui termine sa proclamation.
Le général malien Siaka Sangaré, qui dirige la mission d'observation de l'Organisation Internationale de la Francophonie(OIF), proteste quelques minutes puis se réfugie dans le silence...
Les ambassadeurs de France, d'Allemagne, des États-Unis et de l'Union Européenne, membres du Comité ad hoc de suivi technique du scrutin, se taisent eux aussi... Au Togo, pays à « la démocratie apaisée », comme le dit si bien le mercenaire français, Conseiller spécial du président Gnassingbé, tout ne s'achète-t-il pas avec l'argent ?
Le président togolais est donc officiellement réélu pour 5 ans, avec 58.75% des voix, dès le premier tour, SVP ! Et ce résultat est validé par toutes les organisations internationales ( ONU, UA, UE, CEDEAO, OIF...)...et par Hollande qui a ainsi bafoué l'éthique républicaine !
Le risque de ce manque de courage en Afrique est très grand désormais : lorsque leurs aspirations républicaines viendront à s’éclore, tous ces Peuples se détourneront de de la France.

Que personne ne vienne alors nous dire : on ne savait pas !

lundi 26 octobre 2015

LETTRE À UN SOCIALISTE

Lettre à un socialiste
Président de la République française
●●●
François Hollande, il ne faut pas exagérer l’oubli de la démocratie et de la République lorsqu’il s’agit des Peuples africains.

Voilà qui est fait, le référendum au Congo. Dire OUI ou NON à l’illégalité du changement constitutionnel n’est pas un choix démocratique ni une valeur républicaine. C’est du « Tintin au Congo » : un référendum purement caricatural de la démocratie. Vous-même n’oserez jamais commettre ce forfait en France où des institutions, fortes, permettent la vitalité de l’alternance politique.

Déjà, votre position n’était pas claire face à Blaise Compaoré, lorsqu’il tentait la modification constitutionnelle pour se maintenir au pouvoir au Burkina Faso. À Blaise Compaoré, vous promettiez la présidence de l’Organisation Internationale de la Francophonie comme lieu de poursuite extensive de ses forfaitures liberticides. Heureusement, le Peuple du Burkina Faso a su persister et clore ce débat en temps et lieu, au prix d’énormes sacrifices et en résistant à toutes les simplifications externes.

Entre temps, vous avez fait de la Francophonie la poursuite de la Françafrique par d’autres moyens. Puisqu’on a vu cette Francophonie à l’œuvre dans les élections présidentielles au Togo : apparaître neutre et disparaître pleutre. Faure Gnassingbé est au comble de l’illégitimité d’un troisième mandat enfanté d’une Constitution déjà suppliciée par son père, et plusieurs fois violée nuitamment par lui-même à la mort de son géniteur; cette année même la Francophonie a agi au Togo au nom de la Françafrique, et le résultat est très peu reluisant.

Mais une certaine France ne peut pas toujours traiter son infirmité démocratique en Afrique francophone en confondant toutes les nuances des pouvoirs confiscatoires qui s’y déroulent. Togo hier, Congo aujourd’hui, Cameroun, Gabon et quel autre pays demain? Il ne faut pas exagérer l’oubli de la volonté de tous ces Peuples africains à vouloir obstinément se soustraire du totalitarisme de leur dirigeant. Cessez de toujours appuyer là où ça fait mal à l’Afrique et aux Africains. Ne prolongez pas « Les heures verticales » de toutes ces populations africaines restées debout, si longtemps desséchées et épuisées de démocratures, depuis ce qu’elles pensaient être « Les soleils des indépendances » de leurs pays.

L’éthique républicaine et même l’intérêt visionnaire réel de la France, tout ceci commande des positionnements braves, lucides et solidaires aux côtés des volontés populaires africaines où qu’elles s’expriment. Le risque de vos atermoiements démocratiques en Afrique est très grand désormais : le détournement de tous ces Peuples de la France, lorsque leurs aspirations républicaines viendront à s’éclore, abreuvées de leur seul sang et loin de tout soutien salutaire.

Aux commandes de la France, il faut savoir résolument choisir entre les amitiés intéressées du moment et les solidarités durablement investies. « L’oubli de soi-même, bien compris, s’appelle abnégation; mal compris, il s’appelle abrutissement. Socialistes, songez-y! »; c’est ce que disait déjà l’immense et agile Victor Hugo, et il est grand temps que cela soit entendu et appliqué, sereinement, par rien de moins qu’un chef d’État français.

Après l’illégitimité du troisième mandat présidentiel au Togo et l’illégalité du référendum constitutionnel au Congo, « rassembler » et « apaiser » -comme vous le prescrivez aux usurpateurs, ne participent pas de l’ambition des Peuples africains; c’est plutôt la devise grossièrement forgée, du frelaté « Kpayo », du « Boudè », le slogan « coupé-décalé » des dirigeants mal élus de l’Afrique francophone auquel vous contribuez à donner audible caution et forte bénédiction. Ils s’en réjouissent. C’est vous-même qu’ils avilissent dans leurs pas de danse et leurs conversations carnavalesques empreintes de la démesure. C’est la France qui perd sur tous les plans.

François Hollande, n’ôtez pas aux Peuples africains la dignité qu’ils n’ont jamais laissée en marchandage; n’adhérez pas au syndicat des chefs d’État africains francophones, vieux et jeunes, qui n’ont d’avenir que dans le futur antérieur. L’Afrique n’a pas besoin de dirigeants forts se maintenant au pouvoir par des répressions; elle a besoin d’institutions fortes et respectées, reconnaît votre collègue des États-Unis… un Africain. L’espoir est donc permis dans cette universelle civilisation à laquelle l’Afrique et les Africains contribuent fortement, de tout temps, et de partout, même à partir de la France. Prenez garde à cet étrange renoncement aux glorieux fardeaux de votre propre parole délivrée publiquement à Dakar, en terre africaine. La France peut tenir parole. La France doit tenir parole. Comme on fait son mandat présidentiel, on le quitte : lumière ou ombre. Pour la France, l’Afrique et les Africains comptent-ils bien plus que leurs dirigeants de l’heure, réfractaires à la démocratie? Songez-y un moment! Surtout, ne vous trompez pas de solidarité, Monsieur le Président de la République française.
●●●

Pierre S. Adjété
Président, Alliance Togolaise Internationale (ATI)
Québec, Canada.

samedi 10 octobre 2015

lundi 5 octobre 2015

"L'INVESTISSEMENT DE LA DIASPORA TOGOLAISE DANS L'ECONOMIE DU TOGO".



1/- Que doit ou peut faire le gouvernement togolais pour hâter/inciter la diaspora togolaise à davantage investir dans l'économie togolaise?
Kofi Yamgnane(K.Y.) : Le tout premier geste à faire par le gouvernement togolais, c'est de reconnaître comme citoyens à part entière les Togolais de l'extérieur : droit de vote et droit d'éligibilité. De toute l'Afrique, le Togo est le seul pays dont certains citoyens, parce qu'ils vivent à l'étranger(par obligation ou par choix), n'ont aucun droit politique.

2/- Très concrètement, d'un point de vue législatif et administratif (lourdeurs administratives), quelles mesures peuvent prendre les autorités togolaises pour s'attirer les faveurs financières de ces Togolais de cette diaspora riche et diversifiée?
Kofi Yamgnane(K.Y.) : Du seul point de vue théorique, le Togo dispose de l'arsenal législatif et administratif nécessaire et suffisant pour attirer tous les investisseurs du monde. Donc le problème n'est pas là. Le problème, c'est la corruption qui gangrène notre pays : aucun investisseur ne peut avoir raison face à l'administration et donc ne bénéficie d'aucune protection juridique, cela est peu propice au désir d'investissement ; si le budget de notre pays n'est exécuté qu'à hauteur de 20% à 50% selon les secteurs, c'est bien parce que ministres et fonctionnaires d'autorité attendent leur bakchich avant tout engagement ; les services des douanes, de police, de gendarmerie...etc, sont des purs repoussoirs à investisseurs...
Que le gouvernement mette fin à tout cela et non seulement la diaspora, mais aussi d'autres investisseurs viendront au Togo comme ils sont au Ghana et au Botswana, par exemple.


3/- En tant que membre de cette diaspora ou spécialiste des questions économiques, à vos yeux, vers quels secteurs prioritaires porteurs de croissance doit se tourner cette diaspora, si elle veut investir au Togo?
Kofi Yamgnane(K.Y.) : Lorsque l'ensemble des obstacles présentés ci-dessus sera levé, la diaspora connaît les priorités de notre pays : d'abord l'agriculture et l'agroalimentaire afin que plus aucun Togolais ne meure de faim ; ensuite l'économie numérique qui est le secteur d'avenir dans l'économie mondiale de demain et où le Togo se doit d'être présent. Voilà, pour moi, les 2 secteurs prioritaires porteurs de croissance.


Propos recueillis par Edem Gagbadekou

AFRIQUE, DÉMOCRATIE INTROUVABLE...


Pour parler à mes interlocuteurs non-Africains de l'Afrique, continent où le mot démocratie ne revêt aucun sens pour aucun dirigeant(ou presque), j'ai pris l'exemple de mon pays de naissance, le Togo. Le Togo est dirigé depuis 50 ans par la même famille, un régime féodal avec ses prébendes, ses guerriers, ses milices, ses conseillers occultes en col blanc, ses grands prêtres, ses serfs et ses esclaves…le Togo auquel la communauté internationale ne demande que de faire le moins de bruit possible.
Au-delà du cas du Togo, j'ai beaucoup voyagé en Afrique et multiplié les contacts avec les forces politiques du continent, et je connais les difficultés que rencontrent la plupart des peuples africains, de l’Egypte à la Tunisie; de la Libye à la Côte d’Ivoire; du Zimbabwe au Gabon… un demi-siècle après la décolonisation, pour faire valoir le gouvernement du peuple par le peuple: une démocratie conforme aux civilisations et cultures africaines.
Nous voici en 2015. Les États africains ont fêté le cinquantenaire de leur accession à la souveraineté en 2010, c'est-à-dire cinquante ans après la fin officielle de la colonisation. Le bilan de l’Afrique indépendante et souveraine est maigre: remise au pas autoritaire par-ci, multipartisme de forme par là; ailleurs, maigres avancées au demeurant réversibles; et à peu près partout, niveaux très élevés de violence sociale, voire situations de conflit larvé ou de guerre ouverte, sur fond d’une économie d’extraction qui continue de faire la part belle à la prédation. Et comme pour confirmer que l’horizon de la démocratie est bouché, 82 coups d’état en 50 ans sont venus baliser le chemin de l’échec…Quelle histoire!
Dans tous les cas, les Africains ne sont toujours pas «autorisés» à se choisir librement leurs dirigeants. Presque tous les pays sont toujours à la merci de satrapes dont l’unique objectif est de rester au pouvoir, à vie, quoi qu’il arrive. Dès lors, la plupart des élections sont truquées. Pour donner le change aux bailleurs de fonds étrangers, ceux qui paient y compris même l’organisation des «scrutins», on accepte de sacrifier aux aspects procéduraux les plus élémentaires de la concurrence, mais on garde le contrôle sur les principaux leviers de la bureaucratie, de l’économie et surtout de l’armée, de la police et des milices. Je dois à la vérité de faire l’amer constat que la possibilité de renverser ce genre de gouvernement par la voie des urnes n’existe pratiquement pas. Alors que reste-t-il sinon l’assassinat, la rébellion ou le soulèvement armé pour contredire le principe de la continuation indéfinie au pouvoir? Globalement, les choses sont donc plutôt bloquées et on peut dire que, les manipulations électorales et les successions de père en fils aidant, on a à faire à des roitelets inamovibles.
Quitte à détruire l'État, l’économie et les institutions, cette classe dirigeante est prête à tout pour conserver le pouvoir, la politique n’étant d’ailleurs à ses yeux qu’une manière de conduire la guerre civile ou la guerre ethnique par d’autres moyens.
C’est sur ce terreau que naît et croît la culture de la corruption et du racket, de l’émeute sanglante gratuite, car sans lendemain et qui peut facilement tourner à la guerre de pillage.
Qui a dit : « ...l'Afrique noire est mal partie... » ?





lundi 21 septembre 2015

Burkina Faso : que penser du coup d'état du 15 septembre 2015 ?



En octobre 2014, le Président Blaise Compaoré est emporté par la tempête soulevée par les manifestations populaires contre sa volonté de modifier la Constitution pour pouvoir briguer un mandat supplémentaire à la présidentielle suivante.
Profitant de la vacance du pouvoir provoquée par le départ en exil du Président déchu, une certaine hiérarchie militaire prend le pouvoir. Face au tollé général contre cette mainmise de militaires, ceux-ci désignent comme président un civil mais gardent l'essentiel du pouvoir en s'accaparant du Gouvernement. Un régime dit « de transition démocratique » est alors mis en place. Au fil des mois, le Président nommé apparaît de plus en plus à la fois comme un otage et un faire-valoir des militaires. Une date est fixée pour la prochaine élection présidentielle dont ils interdisent la participation à tout membre de l'ancienne majorité, issue du parti créé par le Président Compaoré. Pour une transition dite « démocratique » dont l'objectif premier devrait de lancer et promouvoir la réconciliation nationale et veiller au respect de toutes les minorités, cette décision d'exclusion n'est pas seulement incompréhensible, c'est une grave faute politique.
Poursuivant sa politique de désignation de « bouc émissaire » et de vengeance à tout prix, le gouvernement de « transition démocratique » décide, il y a peu de temps, de « dissoudre » une unité de l'armée : le « Régiment de la Sécurité Présidentielle (RSP) ».. C'est une décision d'exclusion que le Commandant du Régiment n'accepte pas, raison immédiate de sa réaction et perpétuation du coup d'état.
Pour autant, ce n'est pas une raison pour ne pas dénoncer et condamner ce coup d'état : on ne prend pas le pouvoir par la force et la violence ! Il est urgent que la légalité soit de retour au Burkina Faso !

Quelles leçons tirer de ces événements pour le Togo ?
Tout d'abord, ces événements doivent servir de leçon à tous les revanchards qui sur-peuplent le Togo. Pour la transition devenue incontournable au Togo et que j'appelle de tous mes vœux et que je suis prêt à assumer, je répète ce que j'ai toujours dit : il n'y a pas de place au Togo pour une politique revancharde ou une politique d'exclusion ! Notre leitmotiv doit rester inchangé : écouter, dialoguer, rassurer, réconcilier, rassembler...pour tous les Togolais sans exception.

Voici ma vision du Togo à moyen et long termes
Dans le monde entier, l'idéal humaniste s'est emparé de l'imagination des peuples. Je suis profondément marqué par les grands mouvements politiques visant la libération des peuples. Je veux être pour tous les Togolais le nouvel espoir à l'aube du XXIe siècle. Ma volonté est une émanation de cet idéal humaniste et s’affirme donc comme l’espérance du peuple togolais et des peuples africains.
Cette vision dégage un nouvel horizon afin que puissent être dessinées tant l'organisation que l'évolution de la nouvelle société togolaise: bien vivre ensemble. Cette société de paix, cette société d’espoir, cette démocratie, cette éthique politique nouvelle sont celles où seront possibles la vérité sur ce qui s'est réellement passé dans ce pays, la justice qui doit rétablir dans leurs droits et indemniser toutes les victimes, le pardon qui, accepté par tous... doit aboutir à la réconciliation nationale enfin... Dans cette nouvelle société, je répète, il n'y a de place ni pour la revanche, ni pour la vengeance, ni pour l'exclusion.

Cette société nouvelle est seule capable de «baliser» le chemin des pratiques afin que devienne impossible tout retour en arrière.

samedi 5 septembre 2015

TÉMOIGNAGE POUR LA MORT D'UN MILITANT SURSAUT


Mon cher Magloire,
Dans la vie, nous avons tous des amis et on est ami via nos fréquentations pour partie ; on est ami via l'école que nous avons fréquentée ensemble ; on est ami via une rencontre inopinée et inattendue...
Mais notre amitié à nous s'est construite sur le militantisme pour les idéaux que nous partageons depuis notre enfance heureuse à Bassar : la liberté d'aller et venir, de parler quand on veut, où l'on veut, de quoi l'on veut ; la liberté de contester, de donner son opinion, la liberté de manifester... Tout le monde ne l'entend pas forcément de cette oreille dans ce pays et c'est ce qui t'a causé tant de malheurs : poursuite par les bien-pensants, violences, tortures, exil forcé, prison, maltraitance, maladie.
Ton corps, ton esprit, ton cœur ont été usés par la traque inhumaine dont tu as été victime une trop longue partie de ta trop courte vie.
Fidèle à toi-même ainsi qu'à tes idéaux, tu as été parmi les premiers à me rejoindre dans ma quête pour davantage de liberté et de justice dans ce pays qui nous est cher au cœur. Dans le Grand Bassar, tu n'as eu de cesse de rassembler nos frères et sœurs, d'expliquer le rêve que nous avons fait ensemble de rendre tous les Togolais fiers de leur pays. Tu t'es battu, avec d'autres, pour donner à Bassar, une députée que tu pensais être sur notre ligne : tu as ainsi contribué à crédibiliser notre Mouvement, SURSAUT, sursaut de fierté, sursaut d'honneur, sursaut d'identité, sursaut d'orgueil du peuple togolais en général, du peuple bassar en particulier.
Je m'incline humblement devant le catafalque de ton corps. Je te remercie de tout le travail accompli même s'il n'est pas encore achevé et que nous poursuivrons jusqu'à l'accomplissement total de notre objectif : installer durablement la démocratie au Togo.
Au nom de tous les militants au Togo et à l'étranger, au nom de tous nos sympathisants, au nom de tous nos amis
MERCI DJEDJE ! MERCI ET ADIEU !


dimanche 26 juillet 2015

TOGO : L'HEURE DE VÉRITÉ


Le scrutin présidentiel du 25 avril est derrière nous. Les mises en garde faites en direction de l'opposition n'ont eu aucun écho. Les résultats prédits sont désormais là, mais je ne suis pas fier d'avoir eu raison...
Les menaces et l'achat de conscience par l'État et son administration, l’habileté et la duperie des fraudeurs, leur imagination et leur cynisme... ont dévoyé le processus politique et technique qui aboutit à ce nouveau déni démocratique. Le régime a fait feu de tout bois pour réussir son fric-frac : instrumentalisation de la constitution et des institutions, tripatouillage des listes électorales en amont, éclatement des bureaux de vote, propagande et moyens d’État pour le président sortant, désorientation des électeurs, bourrage classique des urnes, intoxication dans les médias publics ou vendus et, cerise sur le gâteau, coup de force à la Commission électorale nationale indépendante sous l’œil des caméras et celui bienveillant de deux chefs d’État voisins ainsi qu'avec la complaisance des chancelleries et des institutions internationales vis-à-vis de ce régime dont pourtant chacun connaît la violence potentielle, le niveau de corruption des responsables publics, la connivence prébendière des élites économiques et intellectuelles et l’extrême indigence des services publics. Nous savions déjà tout cela, mais...il fallait participer !
Dès le lendemain, la CEDEAO s'est fait humilier par Faure Gnassingbé lors de son 47e sommet tenu à Accra : refus catégorique de celui-ci d'accepter le protocole d'accord sur la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels successifs.
Les oppositions togolaises participationnistes ont-elles enfin compris que ce pouvoir n'accordera démocratiquement jamais aucune réforme au peuple togolais : ni la limitation du nombre de mandats, ni un scrutin à deux tours ? Ont-elles enfin compris que ce pouvoir ne changera jamais tout seul de nature ?
Dans ces conditions, pendant encore combien d'années vont-elles continuer à tromper le peuple et à légitimer un pouvoir qui a fait du Togo la Corée du Nord de l'Afrique de l'Ouest (100% de Coréens n'ont connu qu'un seul régime ; ils sont 90% de Togolais à n'avoir connu que la dynastie Eyadema!) ? N'est-il pas temps de montrer le chemin du vrai combat d'aujourd'hui, celui de la démocratisation qui passe préalablement et obligatoirement par le renversement du rapport des forces ? Et puisque l’exercice démocratique d’une élection transparente et ouverte n’aura jamais lieu au Togo, le rapport de force ne devra-t-il pas se faire un jour ou l’autre dans la rue ?
Mais auparavant ou concomitamment, il faut absolument en passer par la sincérité de nos leaders :
Il y a ceux qui acceptent contre espèces sonnantes et trébuchantes, de participer à la légitimation du pouvoir en se présentant à un scrutin visiblement hors de leur portée. Sinon, comment expliquer qu'un « responsable » politique digne de ce nom, battu à des législatives dans son propre « fief », puisse espérer être élu Président de la République par le pays tout entier ?
Il y a aussi le cas de Jean-Pierre Fabre, nommé « leader de l'opposition » par le pouvoir lui-même. Comment peut-il arborer un tel titre alors qu'il se sait incapable de rassembler cette même opposition qu'il laisse partir en rangs dispersés à un scrutin à un seul tour ? En tout état de cause, il est aujourd'hui devant ses responsabilités historiques et il est dans l'obligation politique et morale de se livrer à un examen de conscience sans concession qui ne peut le conduire qu'au choix entre 4 hypothèses:
1. Rejoindre Faure Gnassingbé dans un gouvernement d'union nationale : c'est la mode inventée par les Occidentaux pour les Africains;
2. Continuer à faire les marches qui ne dérangent ni le pouvoir, ni les intérêts de ceux qui le soutiennent ;
3. Tenter de se perpétuer comme « l'Opposant » officiel dont le rôle assigné par le pouvoir et accepté par lui est d'empêcher tout embrasement de la situation, contre avantages divers et variés.
4. Reconnaître sa faute stratégique et participer modestement à la reconstruction d'une opposition sur une base démocratique et dans laquelle il ne peut plus être leader.

Pour l'opposition togolaise, l'heure de vérité a sonné.