lundi 5 octobre 2015

AFRIQUE, DÉMOCRATIE INTROUVABLE...


Pour parler à mes interlocuteurs non-Africains de l'Afrique, continent où le mot démocratie ne revêt aucun sens pour aucun dirigeant(ou presque), j'ai pris l'exemple de mon pays de naissance, le Togo. Le Togo est dirigé depuis 50 ans par la même famille, un régime féodal avec ses prébendes, ses guerriers, ses milices, ses conseillers occultes en col blanc, ses grands prêtres, ses serfs et ses esclaves…le Togo auquel la communauté internationale ne demande que de faire le moins de bruit possible.
Au-delà du cas du Togo, j'ai beaucoup voyagé en Afrique et multiplié les contacts avec les forces politiques du continent, et je connais les difficultés que rencontrent la plupart des peuples africains, de l’Egypte à la Tunisie; de la Libye à la Côte d’Ivoire; du Zimbabwe au Gabon… un demi-siècle après la décolonisation, pour faire valoir le gouvernement du peuple par le peuple: une démocratie conforme aux civilisations et cultures africaines.
Nous voici en 2015. Les États africains ont fêté le cinquantenaire de leur accession à la souveraineté en 2010, c'est-à-dire cinquante ans après la fin officielle de la colonisation. Le bilan de l’Afrique indépendante et souveraine est maigre: remise au pas autoritaire par-ci, multipartisme de forme par là; ailleurs, maigres avancées au demeurant réversibles; et à peu près partout, niveaux très élevés de violence sociale, voire situations de conflit larvé ou de guerre ouverte, sur fond d’une économie d’extraction qui continue de faire la part belle à la prédation. Et comme pour confirmer que l’horizon de la démocratie est bouché, 82 coups d’état en 50 ans sont venus baliser le chemin de l’échec…Quelle histoire!
Dans tous les cas, les Africains ne sont toujours pas «autorisés» à se choisir librement leurs dirigeants. Presque tous les pays sont toujours à la merci de satrapes dont l’unique objectif est de rester au pouvoir, à vie, quoi qu’il arrive. Dès lors, la plupart des élections sont truquées. Pour donner le change aux bailleurs de fonds étrangers, ceux qui paient y compris même l’organisation des «scrutins», on accepte de sacrifier aux aspects procéduraux les plus élémentaires de la concurrence, mais on garde le contrôle sur les principaux leviers de la bureaucratie, de l’économie et surtout de l’armée, de la police et des milices. Je dois à la vérité de faire l’amer constat que la possibilité de renverser ce genre de gouvernement par la voie des urnes n’existe pratiquement pas. Alors que reste-t-il sinon l’assassinat, la rébellion ou le soulèvement armé pour contredire le principe de la continuation indéfinie au pouvoir? Globalement, les choses sont donc plutôt bloquées et on peut dire que, les manipulations électorales et les successions de père en fils aidant, on a à faire à des roitelets inamovibles.
Quitte à détruire l'État, l’économie et les institutions, cette classe dirigeante est prête à tout pour conserver le pouvoir, la politique n’étant d’ailleurs à ses yeux qu’une manière de conduire la guerre civile ou la guerre ethnique par d’autres moyens.
C’est sur ce terreau que naît et croît la culture de la corruption et du racket, de l’émeute sanglante gratuite, car sans lendemain et qui peut facilement tourner à la guerre de pillage.
Qui a dit : « ...l'Afrique noire est mal partie... » ?





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