À son Excellence Mme
Michaëlle JEAN
Secrétaire Générale de
l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF)
19-21,
rue 19-21, avenue Bosquet
75007
Paris, France
Excellence
Madame la Secrétaire Générale,
Après
avoir annoncé sur RFI le 22 mars 2015 que « ... l’OIF
sera
présente au Togo pendant et après le scrutin afin d’aider le
pays à
renforcer ses institutions ... », vous avez envoyé
dans ce pays
francophone une mission d'expertise et de médiation,
mission
conduite par le Général Siaka SANGARÉ. De fait, cette
mission a
réussi à obtenir du gouvernement togolais le principe du
« nettoyage » du fichier électoral, même si, victime de
la mauvaise
foi de ce gouvernement et trahi par les candidats de
l'opposition
eux-mêmes, M. Siaka SANGARÉ a fini par « jeter
l'éponge » en
déclarant : « ...le
fichier électoral n'est pas fiable, il est juste
consensuel... ».
Vous
vous êtes personnellement déplacée à Lomé, pour tenter
d'empêcher l'incroyable scénario imaginé et mis en œuvre par un
pouvoir autiste qui ne songe qu'à se perpétuer, quoi qu'il en coûte
à
son propre peuple. Le peuple togolais en appelle au soutien de la
Communauté internationale. L’OIF a répondu présent et ne doit
donc pas s’arrêter en si bon chemin mais poursuivre sa mission
pour la vérité des urnes.
Vous
avez souhaité retarder significativement le scrutin pour refaire
un
fichier transparent et aider à organiser une élection « propre » :
"... c’est
la seule alternative qui s’impose dans le contexte
actuel...", disiez-vous alors.
Rien
n'y a fait et vous avez assisté, impuissante à ... une
forfaiture
électorale de plus au Togo !
Dirigé
dans la violence et le sang depuis 50 ans par une même
famille, le
Togo, bien que membre de l'espace francophone, a un
régime qui
rappelle pourtant celui de la Corée du Nord ... Comment
l’Organisation internationale de la Francophonie, caractérisée
par
sa foi dans la démocratie et dans les droits humains, peut-elle
accepter en son sein un pays représenté par un pouvoir aussi
autocratique dont l'essence et la pratique sont aux antipodes de ses
valeurs ?
La
forfaiture électorale du 25 avril 2015 risque d’avoir pour effet
d’installer
durablement le peuple togolais dans la défiance vis-à-vis
de l’OIF
et plus largement vis-à-vis de la démocratie. Aussi, entre
abattement et peur, les violences incontrôlables peuvent conduire
certains à choisir l’extrémisme. Votre responsabilité ne saura
être
évitée.
Par
ailleurs, cet état de fait ne peut que conduire au durcissement
du
régime Gnassingbé tout en favorisant l’intensification de
l'émigration d’une bonne partie de la jeunesse vers l’Occident.
Nous
sommes persuadés que tout cela peut encore être corrigé, si
l'OIF
le souhaite et s’en donne les moyens pour accompagner le
peuple
togolais vers la démocratie.
L’ensemble
des organisations signataires se joignent à la Diaspora
togolaise de
Paris pour vous inviter à :
- achever le travail commencé, en retournant au Togo pourcontrôler un à un tous les procès-verbaux établis sur la foi desrésultats sortis des bureaux des vote et reflétant le choix dupeuple togolais et
- accompagner le Togo dans l’espace francophone en tant quepays ayant en partage, non seulement la langue et la culture,mais aussi et surtout la démocratie fondée sur la vérité desurnes.
Compte
tenu de l’urgence, nous vous prions de bien vouloir
excuser notre
intrusion dans vos programmes, en vous informant de
la
marginalisation de la Diaspora togolaise, forte de plus de 2
millions
d’âmes, non recensée et interdite de vote par le pouvoir
patrimonial des Gnassingbé.
Nos
représentants seront heureux que vous acceptiez de nous
recevoir
pour vous exprimer aussi de vive voix l’urgence
- de renforcer la confiance entre la Diaspora togolaise et l’OIF et
- de nous permettre de vous soutenir dans vos efforts pour queles Togolaises et les Togolais connaissent et reconnaissent lavérité des urnes et reprennent confiance dans un changementdémocratique véritable.
Fait
à Paris,
le 14 mai 2015