Chers frères
et soeurs,
J'ai lu avec
plaisir et avec intérêt vos réflexions sur la politique, votre
vision du monde, la philosophie, l'alternance, le pouvoir... J'ai
suivi vos travaux consacrés à la nécessité du changement en Afrique. Vos travaux sont
exclusivement guidés par la pensée occidentale, je veux dire
« gréco-romaine ». Vous vous êtes rarement penchés sur
la grande et la petite histoire de l'Afrique pour tenter d'en
extraire une expérience qui pourrait servir le « monde
moderne ».
Dans mon
dernier livre « Afrique, introuvable démocratie », je
constate, pour m'en plaindre, l'absence des intellectuels noirs dans
la recherche de la meilleure forme de démocratie pour demain :
comment le genre humain va-t-il mieux vivre demain avec lui-même ?
Or je
constate en vous lisant et en suivant vos travaux, que vous vous êtes
sûrement penché sur ce questionnement.
Je ne suis
pas un intellectuel (ni philosophe, ni sociologue...etc.), mais juste
un homme politique tourné vers l'action (le social, l'économique,
l'environnemental...). Pour fonder et soutenir cette action, j'ai
besoin de la réflexion menée par des hommes et des femmes comme
vous.
En
particulier, je m'interroge sur la nature de la démocratie à
instaurer en Afrique, qui soit conforme à nos civilisations et à
nos cultures.
Par
ailleurs, pour l'avoir pratiquée en France à un très haut niveau
et pendant plus de 30 ans, je dis que la démocratie occidentale n'a
aucun mystère pour moi : je connais ses qualités et son
efficacité, mais je connais aussi ses limites. Cela me permet
aujourd'hui d'affirmer qu'elle est presque totalement inadaptée à
la vision africaine du monde et que c'est le rôle des intellectuels
africains de nous montrer les fondements et le chemin de cette
démocratie africaine.
Chers frères
et soeurs, il y a bien longtemps que cette question me trotte dans la
tête et c'est pourquoi à l'aube du 21e siècle, j'ai interrogé
quelques grands Africains dont Aimé CÉSAIRE et Nelson Madiba
MANDELA avant leur mort.
Ils m'ont
donné une lampe-torche afin que, comme me disait le Moro Naaba, dans
la totale obscurité de ce monde, « je cherche et trouve un Homme », n'êtes-vous pas cet homme...
Je me
permets donc de vous soumettre mon questionnement, en espérant que
grâce à votre propre réflexion, vous m'indiquerez une voie vers la
démocratie africaine que nous pourrions construire ensemble puis
suivre pour le Togo dès le changement intervenu.
Lorsque dans
mes discours je parle d'alternative et non d'alternance, c'est à ce
projet que je songe...
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