Mesdames,
Messieurs je vous demande d’avoir une pensée solidaire pour les
victimes des attentats de Paris le 13 novembre et aussi pour les
milliers de morts africains tués par les djihadistes.
Avec
ses 56 États, l’Afrique est aujourd’hui le continent dont tout
le monde parle. Impressionnés par des croissances annoncées proches
de 5% ces dernières années, les économistes proclament :
« c’est le
continent où il faut être, bientôt sa classe moyenne sera aussi
nombreuse que celle de l’Europe de l’Ouest, les investisseurs s’y
pressent et des entreprises performantes s’implantent ».
Pourtant
au moment où je vous parle l’ampleur
des problèmes et le ralentissement de la croissance
obligent à se poser bien des questions. René Dumont écrivait en
1962 « L’Afrique est mal partie », est-elle aujourd’hui
« bien partie » ? Certains chercheurs comme Sylvie
Brunel en doutent.
- Le continent de tous les excès
Aux
yeux des Européens, l’Afrique est encore actuellement le continent
de tous les excès.
Excès
de violence
Les
excès de violence sont les plus évidents comme le prouve le dernier
attentat au Mali.
De la crise de la Côte d’Ivoire à la guerre
civile en République
centrafricaine, en passant par l’anarchie
en Somalie ou en Libye,
ou les combats fratricides au sud
Soudan, les conflits ne
manquent pas.
Encore
plus inquiétants la progression du terrorisme
jihadiste,
principalement dans le Sahel, depuis le nord du Mali jusqu’au
Nigéria, 10 pays sont
touchés.
Les
terroristes qui se réfèrent maintenant à Daesh s’appuient sur
des conflits inter-ethniques,
sur le mécontentement de populations laissées dans la misère par
le pouvoir central, sur la faiblesse
et la corruption
des armées gouvernementales. Après avoir multiplié les prises
d’otages d’occidentaux, les militants de l’AQMI et du MUJAO,
alimentés en
armes par le Qatar et
l'Arabie Saoudite, ont
attaqué le nord du Mali en profitant du nationalisme touareg dont
le peuple a été artificiellement éparpillé entre cet État,
l'Algérie, la Libye, la Mauritanie, le Niger. L’islamisme
combattant de Boko Haram s’étend maintenant, depuis le Nigéria,
sur le nord du Cameroun, le sud du Tchad et du Niger et aussi en
République centrafricaine avec le conflit déclenché par les
islamistes de la Seleka dans un pays à 80% chrétien.
Excès
du climat
Les
gouvernements
ont aussi leur part de responsabilité par l'absence d’une
politique orientée vers la préservation des milieux naturels et une
bonne gestion des ressources agricoles du reste en constante
diminution. Ils sont
incapables de comprendre
pourquoi, d'une année sur l'autre, les pluies
ne viennent plus en leur temps,
pourquoi elles durent moins
longtemps, et pourquoi
la productivité
des récoltes baisse,
éloignant un peu plus l'objectif de l’autosuffisance
alimentaire...
La pauvreté,
le nomadisme et l’espoir de profits rapides débouchent sur des
mouvements de population
de survie, à travers des frontières artificielles et poreuses.
Excès
de la démographie
Le
continent compte aujourd’hui plus de un
milliard d’habitants,
multipliant ainsi sa population par cinq depuis les années 50. Il
devrait représenter en 2050,
un quart de l’humanité.
La
mortalité infantile demeure souvent plus de 10
fois supérieure à
celle de la France (3,28
°/°° en France,
45,22°/°°
au Togo).
Cependant
la natalité
est la plus forte du
monde et 55
% des Africains ont moins de 15 ans.
C’est un atout mais
aussi une bombe à
retardement. Cette
démographie encore galopante, malgré une baisse balbutiante de la
natalité dans plusieurs États, pose des problèmes énormes qui
apparaissent à travers les enfants
des rues, les enfants-soldats ou
ces bandes de jeunes qui
tuent à tort et à travers hier en République démocratique du
Congo, au Rwanda et au Libéria, aujourd'hui en République
Centrafricaine.
On
assiste également à une urbanisation
galopante anarchique et
aujourd’hui les villes
à la croissance spectaculaire rassemblent 45 % des Africains,
Excès
d’émigration
Les
excès de l’émigration sont aussi la conséquence de cette misère.
Les fuites des éléments les plus dynamiques ont souvent pour cause
la misère et l’espoir d’une vie meilleure mais elles
s’expliquent aussi par l’autoritarisme et les répressions de
pouvoirs dictatoriaux et paranoïaques, accapareurs des richesses du
pays et incapables de gérer les problèmes de la coexistence
de multiples ethnies et de minorités
de toutes sortes qui n’ont pas accepté, tels quels, les États nés
de la colonisation. Ceux-ci, nourris par les envois des expatriés à
leurs familles, se révèlent incapables de proposer des solutions
évitant les départs et facilitant les retours.
- Le Togo
Je
voudrais si vous le permettez, prendre l’exemple du Togo qui est
mon pays d’origine, comme exemple des problèmes rencontrés
Ancienne
colonie
L’histoire
togolaise est caractérisée par une
forte et longue dictature et
de multiples crises socio-politiques depuis le début du processus
démocratique il y a vingt-cinq ans. Tout cela a généré de
nombreux
réfugiés
politiques dans la région et hors d’Afrique : 2,750
millions
de Togolais ont fui leur pays, dont un nombre important vit en
France.
Le
Togo souffre de plusieurs maux qui entravent gravement son
développement. Les infrastructures laissées par le colonisateur
sont mal entretenues (routes) ou purement et simplement abandonnées
(chemins de fer)
La
Suisse de l’Afrique
Le
potentiel agricole (agriculture : 40% du PIB) est largement
sous-exploité : seuls 25% des terres arables sont mises en
valeur, entraînant des famines sporadiques tous les ans dans le
pays.
De
même que le secteur des phosphates, principale richesse du Togo dont
la production a chuté à 1,5
Mt en 2009 (2,9 Mt en 1991),
pâtit de la très mauvaise gestion et de l’absence de réforme.
L’activité
portuaire (le port de Lomé, seul port naturel en eaux profondes de
toute la cote du Golfe de Guinée), a bénéficié de la crise
ivoirienne qui a bloqué le port d’Abidjan.
Les
ressources minières sont importantes pour un si petit pays :
or, diamant,
attapulgites, marbre, pétrole, uranium, terres rares...etc.
Le
secteur informel est
très important et les chiffres officiels ne reflètent pas la
réalité des échanges. On peut estimer en réalité que cette
activité représente 15 points du PIB (300 M$). C'est dans ces
conditions qu'on peut se désoler des incendies criminels des marchés
de Kara et Lomé au début de janvier 2013 : 80% de l'activité
informelle se passait dans ces marchés !
Les
problèmes actuels : la dynastie Eyadema
Disposant
d'une armée clanique pléthorique (environ 15 000 hommes), le régime
togolais tient en respect tout un peuple : violence et impunité
sont le mode de gouvernement.
Enfin,
alors que la croissance est annoncée à 5%, l'extrême pauvreté
s'accroît en passant de 28% à 30% entre 2011 et 2012 et
l’accroissement démographique reste élevé (3%).
Les
conséquences néfastes de cet ensemble de données sur les Togolais
sont connues : en matière de santé, les équipements sont
inopérants ; en matière d'éducation, alors que 50% des
Togolais ont moins de 15 ans, l'analphabétisme est inquiétant (60%
de la population) ; en matière sociale, 30% des jeunes Togolais
sont au chômage et 100% des Togolais ne bénéficient d'aucune
protection sociale.
Voilà
ce qui explique mon engagement politique dans mon pays d'origine...
Mon
projet politique
J'ai
expliqué à mes compatriotes togolais les raisons et le contenu de
mon engagement ; j'ai bâti avec un nombre important d'entre
eux, un projet de société pour, mon pays afin de remplacer
l'actuelle société d'injustice et de peur par une société juste
et pacifique.
Ce
projet tient en 6 défis à relever :
La
réconciliation nationale
Le
défi alimentaire
L’accès
à la santé pour tous
L’accès
à l’éducation pour tous
Le
défi du plein emploi, notamment pour les plus jeunes
Le
défi du bien-vivre-ensemble
- L'Afrique : atouts et problèmes
L’Afrique
coffre-fort
Aux
yeux des prédateurs, venus d’Europe autrefois, et, aujourd’hui,
venus surtout d’Asie, l’Afrique est un
coffre-fort de terres et de minerais
où tout est bon à prendre. Certains n’hésitent pas non plus à
en faire un dépotoir
pour leurs déchets
toxiques. D’autres
pratiquent de la surpêche
industrielle le long des
côtes depuis le Sénégal jusqu'au Gabon, sans souci ni des pêcheurs
locaux, ni des ressources.
Le
continent africain est le continent potentiellement le plus riche,
autant par sa géographie que par son sous-sol. Comme l’indique
Eric Orsenna, dans un article du Monde du 12 et 13 janvier 2014 :
«comme il en va des volcans, les pourtours sont souvent fertiles
tandis que le cœur n’en finit pas d’exploser». Avec ses grands
espaces vierges ou peu cultivés, ses climats chauds plus ou moins
humides, l'Afrique sera demain la ferme du monde (à condition
qu’elle sache préserver ses terres des appétits étrangers).
Pour ce qui est de son sous-sol, d'aucuns n'ont pas hésité à le
qualifier de « scandale géologique » L’Afrique
possèderait 1/3 des
réserves mondiales de minerais, dont
89 % du platine,
81% du chrome,
60% du cobalt
et 80% du coltan
(RDC) très utilisé dans les équipements électroniques.
Le
mythe de la croissance africaine
En
occident, on parle beaucoup de la croissance africaine pour finir par
qualifier l'Afrique de « continent de l'avenir ».
L'Afrique
subsaharienne s'impose comme une région de plus en plus attractive
pour les investisseurs étrangers et un marché très prometteur,
souligne une étude publiée le 23 janvier 2014 par la banque
allemande Commerzbank. «Avec
une croissance de l'économie réelle de 5% en 2013 et de 6% en 2014,
la région se place au deuxième rang derrière l'Asie au classement
des zones les plus dynamiques»,
précise l’étude.
La
même étude indique que la crise financière internationale avait
peu affecté l’Afrique subsaharienne jusqu’en 2015. «Nous
estimons que la probabilité de survenue d'une catastrophe frappant
les pays d'Afrique subsaharienne et affectant gravement leur
développement économique est faible»,
affirment les auteurs de l'étude impressionnés par l’importance
accordée par la Chine
à ce continent. Le souci de l’empire du Milieu de sécuriser son
approvisionnement en matières premières l’a, en effet, incitée à
y réaliser de nouveaux investissements.
Ces évolutions permettent désormais à l'Afrique subsaharienne de
s'imposer comme «un
marché très prometteur, avec de nombreuses localités attractives
qui offrent des possibilités innombrables d'importations et
d'exportations et attirent un nombre croissant d'investisseurs
étrangers, améliorant ses chances à moyen terme »,
ajoute l’étude.
...Et
pourtant, le ralentissement de la croissance est là !
Cependant,
s’ajoutant à la
faiblesse démocratique, aux actions destructrices des djihadistes et
au manque d’infrastructures de l’Afrique subsaharienne, la chute
des prix du pétrole et de nombreuses matières premières ont touché
de plein fouet de nombreux Etats. S’y ajoute le ralentissement de
la croissance chinoise se traduisant par une baisse de sa demande.
En réalité, on est loin du compte et il reste encore beaucoup à
faire. De plus derrière des taux de croissance longtemps très
flatteurs, les inégalités demeurent dans la population. Ainsi un
pays comme l’Angola, 90e
pour le PIB par habitant, avec un taux de croissance supérieur à
3,5% par an, n’est que 162e
pour « l’indice de développement humain » qui prend en
compte, non seulement le PIB par habitant, mais aussi l’espérance
de vie, le niveau de l’éducation, la sécurité collective et
individuelle.
Plus
globalement, malgré les
5 % supposés de
croissance ininterrompue depuis 17 ans, jusqu’en 2015, le continent
n’a connu aucune
avancée réelle vers le développement :
toujours des pandémies, des famines, du chômage, des coups d'État,
des guerres et la fuite de la jeunesse. À quoi a servi une telle
croissance et à qui a-t-elle réellement profité ? En tout
état de cause, elle n'a pas été assez inclusive pour créer des
emplois, ni pour attirer les financements qui prennent en compte la
vraie demande sociale.
Quant
à la solution chinoise disons-en deux mots : la conquête
systématique et raisonnée de l’Afrique par la Chine illustre
parfaitement ce que j'ai toujours dit concernant la faiblesse des
États. Les Chinois choisissent les secteurs de l’énergie, des
transports, des matières premières, de l’agriculture. Ils ont
acheté ou loué des millions d’hectares de terres pour faire
pousser des cultures alimentaires qu’ils rapatrient intégralement
en Chine. Avec leur très cynique réalisme, ils traitent avec tous
les gouvernants, vrais dictateurs, potentats honteux, vrais et faux
démocrates...sinon, quel État souverain et démocratique
accepterait-il une telle situation ?
Au
total, je pense que pour satisfaire cette demande, pour une
redistribution plus juste des richesses, pour empêcher
l'enrichissement scandaleux de quelques-uns... au détriment du plus
grand nombre, le seul système politique possible est la
démocratie... À défaut les innombrables jeunes africains
demanderont des comptes et cela ne pourra se faire que dans la
violence des révolutions...
- Les tentatives de démocratie
Cette
rapide description continentale ne doit pas nous faire perdre de vue
que l'Afrique est
multiple et donc en
réalité, il nous faut parler « des Afriques ». L’utopie
de Kwame Nkrumah dans les années 50,
de créer les États-Unis
d’Afrique, semble bien loin et l’Organisation de l’Union
Africaine, d'abord, l'Union Africaine ensuite, a très souvent
l’allure d’une coquille
vide. Au moins 200
langues sont communément
parlées, et même pour certains
ethnologues, il y en
aurait plutôt 2000 !
Les
États arabes d’Afrique du Nord sont très différents de ceux de
l’Afrique noire : par l'organisation du pouvoir, par la place
de la religion (l'islam est religion d'État). Au sein même des
États « noirs », les différences de régimes sont
importantes, même si presque tous les Chefs
d'État s’accrochent
avec la même rapacité au pouvoir. Cependant, 12 États dont le
Togo, ont carrément supprimé de leur Constitution la limitation du
nombre de mandats présidentiels. Plusieurs autres présidents, à
l’approche de leur départ programmé, comme Blaise Compaoré au
Burkina-Faso qui a payé au prix fort sa tentative ou Denis Sassou
Nguesso au Congo, qui lui, a réussi à changer sa Constitution dans
un silence assourdissant de la France, cherchent à réformer leur
Constitution pour ne pas devoir partir...
Les
« démocraties »
Les
démocraties en Afrique ne sont encore qu’une poignée, avec
peut-être des insuffisances pour des Européens, cependant, malgré
parfois des coups d’état militaires et des remises en cause
inquiétantes, il me
semble que seuls ces régimes
peuvent assurer un développement
au bénéfice de toute la population.
Dans
les années qui ont suivi les indépendances des jeunes États
africains, le plus souvent constructions artificielles nées des
volontés et des rivalités des colonisateurs ne faisant aucun cas
des différences ethniques, il y a eu des tentatives de démocraties,
notamment au Sénégal et au Bénin. Cependant l’échec de
gouvernements mal armés pour régler les problèmes et la montée de
la corruption, ont provoqué souvent le mécontentement populaire et
la renaissance des antagonismes ethniques sur lesquels se sont
appuyés des militaires avides de pouvoir pour faire leur coup
d’État. Ils ont rapidement confisqué l’État et ses ressources
à leur profit. Nous sommes alors entrés dans de véritables
dictatures appuyées par des partis uniques sources d’emplois et de
prébendes. Les opposants sont marginalisés, persécutés,
incarcérés et souvent assassinés ; les minorités sont
exclues.
Conserver
le pouvoir...à tous prix !
Il
faudra attendre les années
90 et surtout le discours de la Baule de François Mitterrand
pour passer progressivement au multipartisme.
Se posera alors la question du comportement de ces oppositions qui,
plutôt que de bâtir un projet démocratique alternatif, n’ont
qu’une idée : prendre ou participer au pouvoir. Les partis se
contentent d’apparaître au moment des élections auxquelles elles
participent sans projet nouveau de société et même sans programme
de gouvernement !
Quant
aux dirigeants en place, ils n’ont qu’une idée : conserver
le pouvoir, quoi qu'il en coûte au peuple. Au besoin, ils
n’hésitent pas à soudoyer certains opposants par la flagornerie,
l'argent public détourné ou la menace.
Quelques
chefs ont bien tenté de
se référer aux sociétés africaines anciennes
pour justifier leur pouvoir : en effet, le chef
traditionnel africain
était un personnage sacré ; mais dans ces sociétés de
délibération, le
pouvoir était souvent partagé selon les domaines.
Il faut donc affirmer que plutôt que de se couler dans le modèle
individualiste prévalant
en Europe,
les pays d’Afrique, à travers leurs communautés
villageoises, le sens de l’entraide, le respect des anciens et la
volonté de s’instruire, possèdent des atouts dont pourraient
s'inspirer les dirigeants.
Il
est certain que le passage de l’ethnie à l’État moderne
nécessite une évolution des comportements. La participation
des représentants de tous les groupes dans les institutions, par
exemple sous la forme d’une assemblée reflétant la composition de
la population, est nécessaire. Je milite pour une « démocratie
consensuelle », une alternative africaine du
bien-vivre-ensemble.
Les
indépendances avaient suscité dans les peuples beaucoup d’espoirs
rapidement éteints. . Beaucoup se sont alors détournés de la
politique pour se consacrer à l’économie ou tout simplement à se
préserver de la misère.
Présidents
accapareurs
Les
présidents accapareurs se sont toujours appuyés
sur leur ethnie d'origine
en plaçant des membres aux postes-clés du régime, en partageant la
manne enlevée au peuple et en attisant le rejet des autres ethnies.
Aujourd’hui c'est
paradoxalement les échecs des régimes dictatoriaux qui donnent une
nouvelle chance au régime démocratique à l’africaine. J'ai bien
l'intention de saisir cette chance. Appuyées sur la culture
africaine mais intégrant les femmes et les jeunes, les démocraties
à l'africaine ne pourront survivre au-delà des élections qu’en
bâtissant un projet fédérateur de développement capable de
mobiliser toutes les ethnies et autres minorités dans un combat
commun. C'est dans cette optique que les entreprises étrangères
souvent moteurs de l’enrichissement coûte-que-coûte, doivent
comprendre que la stabilité dont elles ont besoin pour leurs
activités n'est ni synonyme de dictature, ni contraire à la
démocratie et à la liberté.
Je suis conscient que la démocratie ne se fera pas sans le soutien
des grandes puissances et d’organisations internationales telles
l’O.N.U ou l’Union Européenne, mais elle doit rester
l'initiative des peuples eux-mêmes.
Formes
diverses des régimes
Ces
régimes peuvent prendre des formes diverses. L’Union Sud-Africaine
de Mandéla ou la Namibie ont posé les bases d'une « démocratie
consensuelle » mais dans ces pays où l'ennemi commun était
clairement identifié, le consensus face à l’apartheid était
incontournable. Le Botswana, le Sénégal, le Ghana, le Bénin et la
Côte-d’Ivoire dans des conditions particulières, ont choisi
l’alternance. Ce qui n’empêche pas les-à-coups dans des États
encore fragiles.
L’exemple
de la Côte d’Ivoire est à ce point de vue éclairant. La lutte
entre le Nord et le Sud puis la contestation du résultat des
élections ainsi que la volonté du président Gbagbo de garder le
pouvoir, ont débouché sur une anarchie dont le pays est à peine
sorti. Certaines régions sont toujours aux mains de bandes armées
faisant régner la terreur en toute impunité. Le dernier scrutin
présidentiel d'octobre 2015 n'a rien réglé...
Pour
l'Afrique, pour sa marche vers le développement et la démocratie
politique, le projet est de mettre en lumière les forces nouvelles
créatives que sont les associations, les fondations et aussi les
entreprises continentales ayant le sens de la responsabilité sociale
et sociétale. Ces structures continentales ont besoin, pour
progresser, du soutien de leurs homologues extérieurs, notamment
européens.
- La France : quelle attitude ?
Dans
l’Afrique francophone, héritage de l’empire colonial, la
position de la France, engagée militairement dans la lutte contre le
mouvement islamiste, demeure essentielle.
Je
n'attends pas l'ingérence de la France et je ne suis pas le candidat
de la France. J'attends simplement que soit respecté
l'engagement, auquel
j'ai largement participé, que le candidat Hollande a clairement pris
lors de la campagne de 2012 :
« Partout,
la conduite de la France sera basée sur le respect et la
non-ingérence. La France encouragera le dialogue qui sera préféré
à la confrontation violente; elle soutiendra la démocratie là où
elle existe et aidera les peuples qui le lui demanderont, à la
conquérir pacifiquement. Les pays africains doivent aller vers la
démocratie : respect des droits de l'homme, pluralisme,
élections libres et transparentes, alternance politique...»
Je
dois constater aujourd'hui que nous ne sommes pas engagés sur cette
voie de la sagesse et du respect réciproque souhaité.
L’intervention
militaire française dans le massif des Iffogas, avec l’appui de
forces africaines, principalement tchadiennes, a été un succès à
confirmer. Le rétablissement de la paix en République
centrafricaine s’avère beaucoup plus complexe par l’implication
de la population civile.
Mais
actuellement se met en place une multiplication de bases militaires
françaises dans le Sahel, d’Atar en Mauritanie à Faya Largeau et
Zouar au Tchad, en passant par Tessalit et Gao, au Mali.
Et il n'est pas exclu que plusieurs autres postes soient créés plus
au nord, en bordure des frontières libyennes. « Il faut des
capacités à faire bouger rapidement nos pions » a déclaré
un diplomate.
Les
contingents français seront intégrés dans des unités nationales
et appuyés par les bases
existantes dans les
capitales et grandes villes dans les anciennes AOF et AEF, de Dakar
à Libreville, en passant par Abidjan, Ouagadougou, Niamey, N’Djamena
et Yaoundé.
Cette
présence française renforcée,
diamétralement opposée à ce que nous avions dit pendant la
campagne de 2012, fait
peser sur les pouvoirs africains une pression diplomatique et
militaire déterminante. Mais dans quelle intention et pour quel
objectif ?
La
France veut-t-elle, à la suite du discours de La Baule de François
Mitterrand, en 1990, pousser
à la démocratisation
de ces régimes ou bien veut-t-elle, pour protéger ses intérêts,
se contenter d’une
recherche de la stabilité et du calme( combien précaires !)
que seuls les pouvoirs autocratiques sont censés pouvoir assurer ?
Conclusion :
démocratie
introuvable ?
Je
pense que pour satisfaire les espérances de nombreux Africains, pour
une redistribution plus juste des richesses, pour empêcher
l'enrichissement scandaleux de quelques-uns... au détriment du plus
grand nombre, le seul système politique possible est la démocratie.
Elle seule me paraît apte à favoriser le développement. À défaut,
les innombrables jeunes africains qui, pour l'instant se contentent
de fuir par l'émigration, les prises d'otages, le djihad, les
barrages de routes ... demanderont des comptes et cela ne pourra se
faire que dans la violence des révolutions.
bon courage et il nous faut de plus en plus de sens de responsabilité pour espérer une Afrique prospère!!!!
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