Témoignage
Plus de 200 auditeurs ont assisté jeudi après-midi au théâtre de l'Arche, à la conférence de Kofi Yamgnane, invité de l'Université du temps libre (UTL) pour parler de « L'Afrique et la démocratie ». Pendant plus d'une heure le brillant orateur a captivé son auditoire par son analyse, sans langue de bois, avec l'objectivité du vécu.
L'ancien Secrétaire d'État, conseiller régional et général, député du Finistère, candidat écarté aux présidentielles dans son pays natal, le Togo en 2010, dresse un état des lieux, certes pessimiste, mais réaliste, de la géopolitique Africaine. Des mots qui peuvent choquer.
« 45 % des Africains ont moins de 15 ans. Ce demi-milliard d'Africains est une bombe atomique à retardement. » D'emblée Kofi Yamgnane avoue, « c'est la première fois que j'aborde en conférence ce thème de la démocratie en Afrique. C'est beaucoup trop compliqué. Je vais vous parler de quelque chose qui n'existe pas. »
« Le pouvoir de tuer est devenu un droit... »
Dans l'assistance, les auditeurs qui ont séjourné en Afrique, savent que les propos du conférencier traduisent la réalité. « L'horizon de la démocratie est bouché. Il y a eu 82 coups d'État en Afrique, depuis l'indépendance de ces pays, il y a 50 ans. » La culture de la corruption est monnaie courante. « Vous ne pouvez rien obtenir en Afrique sans bakchich. » Quant aux politiques, « l'objectif est de rester au pouvoir à vie, par des élections truquées... »
Kofi Yamgnane va encore plus loin, « dans certains pays, le pouvoir de tuer est devenu un droit ». Anecdote terrible, vécue, à l'appui. Les militaires en prennent également pour leurs grades. « Ces militaires et milices du pouvoir, armés pour intimider, tuer dans la plus totale impunité, sont des prédateurs, liés, protégés par les gouvernements. » L'Église aussi n'est pas en état de grâce. « Les Églises, pourtant puissantes, sont incapables de montrer le chemin à la jeunesse. Les peuples Africains sont abandonnés à eux-mêmes. »
Le francotogolais accuse. « La France n'a jamais soutenu l'Afrique pour la lutte pour la démocratie. » Vient alors l'énumération des puissances mondiales qui grignotent le continent africain pour son économie d'extraction. Les États-Unis, la Chine, l'Inde, la Russie, le Brésil... La santé de la population, la scolarisation et la formation des jeunes sont à la même enseigne. « Tout part à vau-l'eau », souligne Kofi Yamgnane à plusieurs reprises.
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