Après
les tentatives dramatiques de partition du pays, après deux guerres
civiles et leurs cortèges de morts, de blessés, de déracinés, de
veuves et de veufs, d'orphelins...la Côte d'Ivoire est sortie
exsangue d'une longue crise qui n'en finit pas...
Nous
avons tous espéré que le passage par les élections montrerait une
voie pacifique de sortie; que la présence de l'ONU, arbitre du
scrutin unanimement coopté par l'ensemble des protagonistes,
faciliterait le tracé de cette nouvelle voie. Mais tel n'a pas été
le cas, puisque l'arbitre a été contesté puis rejeté... Nous
espérons encore aujourd'hui que cette voie est possible si elle est
balisée par des initiatives fortes: vérité, justice, pardon,
réconciliation, unité, reconstruction. Un tel balisage relève
désormais de la seule responsabilité des protagonistes in
situ mais plus singulièrement de la responsabilité des
gouvernants, c'est-à-dire le Président Ouattara et son
gouvernement.
Force
est pour nous de constater que leurs premières décisions
n'encouragent pas la mise en place des préalables incontournables au
pardon. On ne peut que déplorer l'emprisonnement sans jugement de
l'épouse du Président Gbagbo, de plusieurs de ses fidèles et
surtout de son fils Michel qui n’exerçait pourtant du temps de son
père aucune responsabilité ni au sein du parti, ni dans le
gouvernement: il était juste professeur à l'Université d'Abidjan!
La «cerise sur le gâteau», en quelque sorte, c'est
le transfèrement du Président Gbagbo lui-même à la CPI de La
Haye!
Je
déplore prfondément tout cela qui constitue à mes yeux un
contresens invraisemblable à la TRADITION multiséculaire des
cultures et des civilisations africaines! En effet, l'Histoire
d'Afrique nous enseigne que quels que soient les crimes commis par un
«chef africain», il est inconcevable que celui-ci soit livré pieds
et poings liés par les siens à un chef étranger à des fins de
jugement. Illustration: le Président Nelson Mandéla avait au moins
autant de griefs contre Frédérick Declerk et les siens que Ouattara
contre Gbagbo, pour transférer à la CPI les tenants de l'apartheid
en Afrique du Sud. Au lieu de quoi, le vieux Sage a prôné le pardon
et la réconciliation entre tous les citoyens d'Afrique du Sud.
N'est-ce pas la décision qui a fait de lui l'exemple et la référence
pour toute l'humanité de ce début de siècle? Qu'est-ce qui a bien
pu empêcher Ouattara de faire ce qu'a fait Mandela?
Il
n'est pas trop tard pour rectifier le tir: Ouattara peut demander et
obtenir le retour de Gbagbo à la maison. C'est chez nous que les
négociations doivent avoir lieu, qui aboutiront à la justice, au
pardon et à la réconciliation, comme en Afrique du Sud.
C'est
la condition sine qua non pour que cette Côte d'Ivoire
aujourd'hui coupée en deux, puisse être réunifiée et à nouveau
gouvernable...faute de quoi, le sentiment de vengeance et le chaos
qui l'accompagne continueront à prévaloir dans le pays.
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