En 2007, le candidat
Sarkozy avait promis la rupture avec la françafrique. Mais le Gabon
comme première destination présidentielle sur le sol africain, le
discours de Dakar, la poursuite des sommets franco-africains,
l’absence totale de réflexion sur la persistance du franc CFA,
l’accentuation de la chasse éperdue aux immigrés... dévoilaient
rapidement la difficulté d’innover.
L’âge du Président
Sarkozy, qui n’a pas connu la période coloniale, aurait pu faire
penser qu’il serait porteur d’une nouvelle vision pour l’Afrique.
Mais cet âge s’est plutôt révélé un handicap : à la
différence de ses prédécesseurs, de l’Afrique il connaissait mal
l’Histoire et les enjeux.
Aujourd’hui, une
nouvelle campagne présidentielle commence. C’est l’occasion de
s’interroger sur la politique africaine qu’un autre locataire de
l’Elysée pourrait promouvoir.
Dans les relations entre
la France et l’Afrique Noire, dont un récent et excellent film
présenté par ARTE a donné tous les détails, il persiste des
anachronismes dont on s’interroge sur les raisons de leur
survivance dans le pays des Droits de l’Homme.
Ces relations pour le
moins ambigües que la France entretient avec ses anciennes colonies
d’Afrique Noire couvrent bien des secteurs : soutien à des régimes
corrompus, vente d’armes à des pays dont les revenus devraient
servir à d’autres priorités, exploitation colonialiste des
richesses brutes sans retombées positives pour les populations...
Qu’est-ce qui justifie ces comportements ? La raison d’État et
l’intérêt de la France? Mais cet intérêt égoïste ne peut, de
toute évidence, durer éternellement !
À titre d’exemple, les
bases militaires françaises doivent être issues d’une
collaboration organisée avec les pays hôtes. Les étudiants
africains et les élites issues de l’immigration doivent être
considérés comme des ambassadeurs potentiels de la France en
Afrique. Le codéveloppement devrait sortir des chemins miséreux des
aides pour devenir transferts de technologies et de production à
haute valeur ajoutée, sans oublier développement social et
protection de l’environnement.
La politique migratoire
française menée par Guéant aidant, de plus en plus de jeunes
Africains se tournent vers les pays anglo-saxons et les pays dits
“émergents” tels la Chine, l’Inde, le Brésil .... Et l’on
comprend Comment la France a perdu l’Afrique, comme
l’expliquait Stephen Smith. Ces jeunes sont les dirigeants de
demain, quels pays seront leurs partenaires ? L’allié historique
qui les a lâchés ou bien les nouveaux amis qui leur ont tendu une
main respectueuse ?
La francophonie, autre
fleuron de la fraternité franco-africaine, est hélas gérée avec
la même arrogance, avec d’un côté la France majuscule et de
l’autre l’afro-francophonie mineure. Qu’est-ce qui justifie
que, le 14 juillet 2010, Nicolas Sarkozy ait convié les dirigeants
de quatorze pays africains à venir célébrer, à Paris, le
cinquantenaire de leur indépendance, sinon de renouveler
publiquement leur serment de vassalité ? Est-ce vraiment à la
"Mère-France" d’organiser le goûter d’anniversaire de
ses «Enfants-Anciennes-Colonies» ? Il suffisait de savoir traduire
le regard des quatorze chefs d’Etats concernés pour comprendre
qu’une autre politique s’impose pour sauver ce qui peut encore
l’être. Elle devra intégrer le respect des pays et des valeurs de
la Révolution française.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire