samedi 10 mars 2012

CÔTE D'IVOIRE: QUEL AVENIR SANS GBAGBO?




Après les tentatives dramatiques de partition du pays, après deux guerres civiles et leurs cortèges de morts, de blessés, de déracinés, de veuves et de veufs, d'orphelins...la Côte d'Ivoire est sortie exsangue d'une longue crise qui n'en finit pas...
Nous avons tous espéré que le passage par les élections montrerait une voie pacifique de sortie; que la présence de l'ONU, arbitre du scrutin unanimement coopté par l'ensemble des protagonistes, faciliterait le tracé de cette nouvelle voie. Mais tel n'a pas été le cas, puisque l'arbitre a été contesté puis rejeté... Nous espérons encore aujourd'hui que cette voie est possible si elle est balisée par des initiatives fortes: vérité, justice, pardon, réconciliation, unité, reconstruction. Un tel balisage relève désormais de la seule responsabilité des protagonistes in situ mais plus singulièrement de la responsabilité des gouvernants, c'est-à-dire le Président Ouattara et son gouvernement.
Force est pour nous de constater que leurs premières décisions n'encouragent pas la mise en place des préalables incontournables au pardon. On ne peut que déplorer l'emprisonnement sans jugement de l'épouse du Président Gbagbo, de plusieurs de ses fidèles et surtout de son fils Michel qui n’exerçait pourtant du temps de son père aucune responsabilité ni au sein du parti, ni dans le gouvernement: il était juste professeur à l'Université d'Abidjan! La «cerise sur le gâteau», en quelque sorte, c'est le transfèrement du Président Gbagbo lui-même à la CPI de La Haye!
Je déplore prfondément tout cela qui constitue à mes yeux un contresens invraisemblable à la TRADITION multiséculaire des cultures et des civilisations africaines! En effet, l'Histoire d'Afrique nous enseigne que quels que soient les crimes commis par un «chef africain», il est inconcevable que celui-ci soit livré pieds et poings liés par les siens à un chef étranger à des fins de jugement. Illustration: le Président Nelson Mandéla avait au moins autant de griefs contre Frédérick Declerk et les siens que Ouattara contre Gbagbo, pour transférer à la CPI les tenants de l'apartheid en Afrique du Sud. Au lieu de quoi, le vieux Sage a prôné le pardon et la réconciliation entre tous les citoyens d'Afrique du Sud. N'est-ce pas la décision qui a fait de lui l'exemple et la référence pour toute l'humanité de ce début de siècle? Qu'est-ce qui a bien pu empêcher Ouattara de faire ce qu'a fait Mandela?
Il n'est pas trop tard pour rectifier le tir: Ouattara peut demander et obtenir le retour de Gbagbo à la maison. C'est chez nous que les négociations doivent avoir lieu, qui aboutiront à la justice, au pardon et à la réconciliation, comme en Afrique du Sud.
C'est la condition sine qua non pour que cette Côte d'Ivoire aujourd'hui coupée en deux, puisse être réunifiée et à nouveau gouvernable...faute de quoi, le sentiment de vengeance et le chaos qui l'accompagne continueront à prévaloir dans le pays.


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